Les ordinateurs quantiques chinois n’ont pas encore hacké le cryptage militaire
Ces derniers jours, les gros titres ont fusé sur Internet au sujet de chercheurs chinois utilisant des ordinateurs quantiques D-Wave pour pirater le cryptage RSA, AES et « de qualité militaire ». C'est à la fois vrai et faux. Alors, qu'en est-il réellement ?
Des avancées certaines, mais limitées
Un article publié en mai 2024 dans le Chinese Journal of Computers détaille comment des chercheurs ont utilisé le recuit quantique via les systèmes D-Wave et les modèles Ising et QUBO pour factoriser des nombres entiers protégés par RSA, une étape clé pour casser le cryptage. Ils ont réussi à craquer une clé RSA de 50 bits.
Mais attention, hacker une clé de 50 bits est à la portée de n'importe quel smartphone en quelques secondes ! Déjà dans les années 90, une clé RSA de 512 bits était considérée comme faible. Aujourd'hui, le cryptage RSA courant utilise des clés de 2048 bits. Chaque bit supplémentaire rend le craquage exponentiellement plus difficile.
Pour donner un ordre d'idée, en 2010, des chercheurs du monde entier ont mis deux ans et demi à craquer une clé RSA de 768 bits en faisant tourner des centaines d'ordinateurs 24h/24.
Qu'en est-il du cryptage AES ou militaire ?
L'article chinois ne mentionne à aucun moment des tentatives de craquer le cryptage AES. Le cryptage « de qualité militaire » fait généralement référence à l'AES 256 bits. L'équivalent RSA serait une clé de 15 360 bits !
Bien que très prometteurs, les ordinateurs quantiques n'en sont encore qu'à leurs balbutiements. Dans le futur, ils seront sûrement capables de casser des algorithmes de cryptage de plus en plus longs. Mais nous n'y sommes pas encore.
En conclusion
Si un calculatrice de poche n'a peut-être pas la puissance pour hacker une clé RSA de 50 bits, votre smartphone en est tout à fait capable. Tout comme un ordinateur quantique D-Wave.
Les récentes avancées des chercheurs chinois sont certainement impressionnantes et ouvrent la voie vers de nouveaux horizons. Mais il faudra encore du temps avant que les ordinateurs quantiques ne menacent réellement nos systèmes de cryptage actuels.