Prix de production en baisse en Allemagne : signe de désinflation ?
En septembre, un indicateur clé a attiré l'attention des économistes en Allemagne : les prix de production. Selon les données publiées par l'office fédéral des statistiques Destatis, ils ont diminué de 1,4% sur un an, dépassant les prévisions des analystes qui tablaient sur une baisse de 1%. Cette évolution favorable soulève une question : est-ce le signe avant-coureur d'une désinflation dans la première économie européenne ?
Décomposition de la baisse des prix de production
Pour bien comprendre cette baisse globale des prix de production, il faut regarder dans le détail les différentes composantes :
- Les prix de l'énergie ont chuté de 6,6% sur un an en septembre
- Les produits pétroliers affichent un recul encore plus marqué de 14,4%
- Hors énergie, la hausse des prix de production est limitée à 1,2%
Cette décomposition met en lumière le rôle clé joué par la baisse des prix de l'énergie dans le repli global de l'indice. Les coûts plus élevés pour les biens d'équipement, les biens de consommation et les biens intermédiaires sont en partie compensés par cette dynamique favorable sur le front énergétique.
Vers une désinflation en Allemagne ?
Si cette baisse des prix de production est une bonne nouvelle, il faut rester prudent avant d'y voir le signe indubitable d'une désinflation en Allemagne. Plusieurs éléments incitent en effet à la prudence :
- L'inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) reste élevée, preuve de tensions inflationnistes persistantes
- La remontée des prix des matières premières pourrait provoquer un rebond des coûts de production
- La vigueur de la demande intérieure maintient une pression haussière sur les prix
Bien qu'encourageante, cette baisse des prix de production ne signifie pas que l'Allemagne est sortie d'affaire sur le front de l'inflation.
– Carsten Brzeski, économiste chez ING
Quel impact sur la politique monétaire ?
L'évolution des prix de production est suivie de près par la Bundesbank, la banque centrale allemande. Si la tendance baissière se confirme dans les prochains mois, cela pourrait plaider pour un ralentissement du rythme de hausse des taux directeurs. À l'inverse, des signes de regain des tensions inflationnistes inciteraient l'institution à maintenir une politique monétaire restrictive.
Au final, le tassement des prix de production en Allemagne est un signal positif, mais il est encore trop tôt pour crier victoire dans la lutte contre l'inflation. Les prochaines publications de Destatis sur les prix à la consommation et à la production seront scrutées de près pour voir si la tendance se confirme. La vigilance reste de mise au sein des banques centrales.