PetroIneos à Martigues : vers une décarbonation réussie ?
Comment l'un des sites industriels les plus émetteurs de CO2 en France compte-t-il réduire drastiquement son empreinte carbone dans les années à venir ? Éléments de réponse avec le cas de la raffinerie PetroIneos de Lavera, près de Martigues, engagée dans un ambitieux plan de décarbonation malgré les obstacles.
PetroIneos à Lavera : un plan de décarbonation sur les rails
Classé parmi les 50 sites les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France, le complexe pétrochimique PetroIneos de Lavera, à Martigues, s'est engagé fin 2023 dans un contrat de transition écologique avec l'État. Objectif : réduire ses émissions de CO2 de 24 à 31% d'ici 2030. Un calendrier tenu pour l'instant selon la direction, qui salue « la qualité du dialogue et la compréhension des enjeux » avec les services de l'État dans cette démarche volontaire.
Pour y parvenir, PetroIneos mise sur un mix de solutions :
- L'efficacité énergétique des installations
- L'électrification des procédés
- L'utilisation d'hydrogène vert
- Le captage et stockage du CO2
Les projets les plus matures, déjà soutenus par des subventions publiques, ont été lancés. D'autres, encore au stade exploratoire, doivent être approfondis. Car la feuille de route se veut « évolutive et adaptable » en fonction des avancées technologiques et de marché, souligne PetroIneos.
L'hydrogène décarboné, un défi à optimiser
L'hydrogène renouvelable en particulier, déployé via un électrolyseur, nécessite des « ajustements et optimisations » au vu des premiers retours d'expérience pour s'avérer viable. Idem pour la capture et séquestration du CO2, dont les coûts élevés poussent à étudier des solutions alternatives comme la pré-combustion.
Des garanties réclamées pour les investissements de long terme
Pour sécuriser ses lourds investissements de décarbonation, PetroIneos réclame aussi un « cadre financier et réglementaire stable et favorable » de la part des pouvoirs publics. Notamment sur la transposition en droit français de la directive européenne REDIII pour les énergies renouvelables.
Le groupe pointe également l'exclusion du raffinage des mécanismes d'aide publique à la décarbonation de l'industrie. Un frein pour financer sa transition, estime PetroIneos, qui rappelle la complémentarité entre les carburants fossiles et renouvelables durant la période charnière qu'il juge longue de plusieurs dizaines d'années.
Des collaborations technologiques à préciser
Pour avancer, le site de Lavera doit aussi s'appuyer sur des partenariats industriels et technologiques qui restent à clarifier au vu des multiples interdépendances. Du transport d'hydrogène via le projet Hynframed depuis Fos, jusqu'au captage de CO2 avec le projet italo-français Calisto en passant par d'autres briques technologiques.
La décarbonation de cette plateforme industrielle cruciale passera donc par un savant jeu d'équilibriste et de coordination. Entre investissements internes, soutien public et synergies territoriales. Le tout sur fond d'incertitudes technologiques et de marché à lever sur la route de la neutralité carbone. Un chemin encore long et complexe.
« Une stabilité financière et un cadre réglementaire favorable sont jugés nécessaires par le groupe au vu du caractère long terme des projets de décarbonation »
- Direction de PetroIneos
