Boeing Plonge, Son PDG Promet Un Redressement
Le géant aéronautique américain Boeing traverse une des pires crises de son histoire. Les résultats financiers publiés ce mercredi 23 octobre 2024 pour le troisième trimestre sont sans appel : une perte nette abyssale de 6,17 milliards de dollars et un chiffre d'affaires en baisse de 1% à 17,8 milliards. Le tout sur fond de grève des salariés qui dure depuis plus de 5 semaines.
Face à cette situation alarmante, le nouveau président-directeur général de Boeing Kelly Ortberg a dévoilé un plan de redressement et insisté sur l'importance d'un "changement fondamental de la culture" du groupe. Un virage à 180 degrés pour cet avionneur historique.
Une perte record et des problèmes sur tous les fronts
Ce trimestre catastrophique s'explique par une conjonction de facteurs négatifs :
- La grève massive lancée par le syndicat AIMTA il y a plus d'un mois et qui paralyse la production
- Les déboires à répétition du programme phare 737 MAX, cloué au sol pendant de longs mois
- Des retards sur le nouveau long-courrier 777X très attendu par les compagnies
- Des difficultés persistantes dans la branche défense et spatiale
Au final, Boeing a brûlé près de 2 milliards de dollars de cash sur le trimestre, 6 fois plus que l'an dernier à la même période. La situation est si préoccupante que les agences de notation menacent d'abaisser la note de crédit du groupe.
La priorité au dialogue social
Pour sortir de l'ornière, la direction veut d'abord régler le conflit social en cours. Un accord a été soumis au vote des grévistes ce mercredi. Il prévoit des augmentations de salaires substantielles, de l'ordre de 35% sur 10 ans. Avec un coût estimé à plus d'un milliard de dollars pour Boeing.
La fin de la grève est un préalable indispensable à la relance de nos programmes clés comme le 737 MAX et le 777X.
Kelly Ortberg, PDG de Boeing
Changer la culture d'entreprise
Au-delà, le nouveau patron veut s'attaquer aux racines du mal en changeant en profondeur les mentalités et les pratiques. Dans une lettre aux salariés, il évoque la nécessité de "prévenir la multiplication des problèmes et travailler mieux ensemble pour identifier, réparer et comprendre les causes".
Kelly Ortberg a réuni les cadres supérieurs pour leur parler de l'importance d'une nouvelle culture, reconnaissant que Boeing avait perdu la confiance des clients et des investisseurs. Un changement de cap radical pour ce mastodonte de l'aéronautique, longtemps réputé pour son inertie et son manque de transparence.
Un défi de taille mais des atouts à faire valoir
"C'est un gros navire qui va prendre du temps à être retourné, mais une fois qu'il le sera, il a la capacité de retrouver sa grandeur", a déclaré le PDG avec une pointe d'optimisme. De fait, Boeing conserve de solides fondamentaux malgré ses déboires :
- Des carnets de commandes bien remplis avec plus de 4000 avions
- Une expertise technologique et industrielle de premier plan
- Une image de marque forte, même si écornée
Reste que le chemin sera long et semé d'embûches pour redresser l'avionneur américain, comme le résume bien Robert Stallard, analyste chez Vertical Research Partners :
Boeing a historiquement refusé de reconnaître ses problèmes, voire de les régler. Les commentaires de Kelly Ortberg sont encourageants mais il va falloir transformer les paroles en actes.
Robert Stallard, analyste chez Vertical Research Partners
Face au défi immense qui attend Boeing, le nouveau patron va devoir faire preuve de vision et de poigne pour remettre le géant aéronautique américain sur le chemin de la rentabilité et de l'excellence opérationnelle. Un long périple qui ne fait que commencer.