La France assure son approvisionnement en gaz pour l’hiver
Alors que l'hiver approche, une question brûle toutes les lèvres : la France aura-t-elle assez de gaz pour tenir jusqu'au printemps ? Malgré la baisse drastique des importations en provenance de Russie, qui ne représentent plus que 12% des volumes contre 40% par le passé, les acteurs du gaz se veulent rassurants. Selon GRTgaz et Terega, les deux gestionnaires du réseau de transport, le système gazier tricolore est paré pour répondre à la demande, y compris en cas de vague de froid.
Mais cette sérénité affichée repose sur trois conditions sine qua non. Premièrement, il faudra maintenir, voire amplifier, les efforts de sobriété énergétique, aussi bien chez les particuliers que dans l'industrie. L'hiver dernier, la baisse de consommation avait atteint 3 à 4 TWh, soit 2% du total national. Il faudra rééditer, et si possible dépasser cette performance.
Le GNL et les interconnexions pour compenser la Russie
Deuxième levier crucial : la diversification des approvisionnements, avec un accent mis sur le gaz naturel liquéfié (GNL). Les terminaux méthaniers français devront tourner à plein régime cet hiver. Pour Dominique Moucly, le directeur général de Terega, il faudra "utiliser au minimum 80% des capacités d'importation de GNL dans les 5 terminaux français". C'est la clé pour compenser le déclin du gaz russe, tombé à 18% en Europe.
Parallèlement, la France devra s'appuyer sur ses interconnexions avec la Norvège, l'Espagne et les Pays-Bas pour importer par gazoduc. Ces routes traditionnelles seront d'autant plus stratégiques que les livraisons de gaz russe via l'Ukraine devraient s'interrompre d'ici la fin de l'année.
Les stocks de gaz, troisième pilier de la sécurité gazière
Enfin, le troisième pilier de la stratégie française repose sur ses stocks de gaz. Ceux-ci atteignaient 95% de leur capacité mi-octobre, avec 1000 TWh sur un potentiel de 1100 TWh. En les gérant avec parcimonie durant l'hiver, la France s'assure une marge de manœuvre en cas de coup dur.
Des motifs d'espoir donc, sur fond d'incertitudes persistantes. Car la consommation industrielle repart à la hausse en 2024, tirée par la chimie et le papier-carton notamment. Difficile dès lors d'anticiper avec précision les besoins. Quant au prix du gaz, les gaziers le voient autour de 40€/MWh cet hiver, contre 34€ l'an dernier et plus de 200€ au pic de la crise ukrainienne. Un niveau encore élevé qui pourrait peser sur la compétitivité des entreprises.
Les différentes simulations montrent que le système gazier est en mesure d'alimenter les consommateurs français et d'assurer la solidarité en gaz avec les pays européens voisins, quelle que soit la rigueur de l'hiver prochain.
GRTgaz et Terega
Le biométhane, une contribution encore modeste
Autre inconnue: la part du biométhane dans le mix gazier cet hiver. Malgré un développement rapide, ce gaz vert produit à partir de déchets agricoles, ménagers ou industriels ne devrait représenter qu'environ 5 TWh, soit 2% de la consommation hivernale. Un apport apprécié mais encore insuffisant face à l'ampleur du défi.
Face à ces aléas, tous les regards se tournent vers Bruxelles et Paris. L'Europe a su résister l'hiver dernier en serrant les rangs, avec des mécanismes de solidarité entre États. Cette coordination sera plus que jamais de mise dans les mois à venir. Quant au gouvernement français, il lui faudra trouver le bon dosage entre incitations à la sobriété et soutien à l'économie. Un exercice d'équilibriste qui s'annonce périlleux, mais dont dépendra en partie la sécurité énergétique du pays.