Vencorex en difficulté : les salariés en grève illimitée
Quand un fleuron régional de l'industrie chimique vacille, c'est tout un écosystème qui tangue. Le cas de Vencorex, basé à Pont-de-Claix en Isère, en est une nouvelle illustration saisissante. Placé en redressement judiciaire depuis septembre 2024, le chimiste détenu par le groupe thaïlandais PTT Global Chemical espérait une reprise salvatrice. Las ! Une seule offre a été déposée à l'échéance, par le chinois Wanhua via sa filiale BorsodChem. Et celle-ci ne préserverait que 25 emplois sur les 450 du site isérois. Un véritable choc.
La concurrence chinoise, fossoyeuse de l'industrie française ?
Principal concurrent de Vencorex, BorsodChem propose des produits chimiques similaires avec des prix 30% inférieurs. Comment faire face à une telle pression quand on a des coûts de production européens ? Beaucoup d'industriels de la chimie française se heurtent à ce mur.
Les salariés ont le sentiment d'avoir été abandonnés par leurs clients et fournisseurs, pour la plupart des industriels français ou européens.
Branche chimie énergie FCE-CFDT
Les salariés en grève dénoncent ce qu'ils perçoivent comme un lâchage en rase campagne des acteurs français et européens de la filière. Arkema, Air Liquide, Seqens... Autant de grands noms travaillant avec Vencorex qui n'ont pas proposé de solution de reprise selon les syndicats.
La plateforme chimique de Pont-de-Claix en danger
Au-delà des 450 emplois directs, c'est l'avenir de toute la plateforme chimique du sud grenoblois qui est en jeu. Car Vencorex est un maillon essentiel de cet écosystème industriel, fournissant des produits cruciaux à ses partenaires implantés localement :
- Arkema se fournit en sel pour produire du chlore liquide
- Air Liquide et Seqens dépendent aussi de Vencorex
- Sans reprise de Vencorex, leurs activités sont menacées
Un effet domino catastrophique se profile si aucune solution n'est trouvée pour le chimiste de Pont-de-Claix. C'est tout un pan de l'industrie grenobloise et française qui pourrait s'effondrer.
L'État appelé à la rescousse
Face à l'ampleur de la crise, les regards se tournent vers les pouvoirs publics. Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole, interpelle l'État : "Où sont les industriels dans cette région et dans ce pays ? Et où est le gouvernement ?". Des échanges ont eu lieu avec le Ministère de l'Industrie pour tenter de trouver une issue.
Mais le temps presse. Vencorex et ses salariés sont au pied du mur. Sans reprise ambitieuse et porteuse d'avenir, c'est la survie de la chimie iséroise et d'une filière stratégique nationale qui est en péril. Le feuilleton Vencorex pourrait faire d'autres victimes collatérales si une mobilisation de grande ampleur des industriels et de l'État ne se concrétise pas au plus vite.
