Kyte : la startup de location de voitures se restructure pour survivre
Dans l'univers ultra-concurrentiel des startups, la route vers le succès est souvent semée d'embûches. C'est le constat amer que fait aujourd'hui Kyte, la jeune pousse spécialisée dans la location de voitures à la demande. Fondée sur la promesse alléchante d'être "la meilleure alternative à Hertz", la startup traverse actuellement une zone de turbulences qui l'oblige à revoir drastiquement sa stratégie pour espérer survivre.
Kyte contraint de se séparer de près de la moitié de ses effectifs
Premier signal fort de cette restructuration: Kyte vient de licencier entre 40 et 50% de ses salariés, avec les équipes d'ingénierie, de produits grand public et de croissance particulièrement touchées selon des témoignages d'anciens employés. Une décision brutale mais visiblement inévitable pour Nikolaus Volk, CEO de Kyte :
Dans un environnement où les capitaux sont limités et chers, nous devons nous concentrer sur nos marchés les plus porteurs. Des choix difficiles ont dû être faits pour pérenniser l'entreprise.
– Nikolaus Volk, CEO de Kyte
Un recentrage géographique radical sur San Francisco et New York
Seconde mesure phare de ce plan de sauvetage : Kyte abandonne la quasi-totalité de ses marchés américains pour se recentrer uniquement sur San Francisco et New York (incluant Jersey City). Exit donc Atlanta, Chicago, Boston, Washington D.C, Philadelphie ou encore Seattle. Même Los Angeles, deuxième ville du pays, n'est pas épargnée avec une suspension des opérations annoncée aux clients dès le 7 novembre.
Un choix cornélien mais stratégique, les deux métropoles conservées pesant à elles seules 70% du chiffre d'affaires de la startup. L'objectif affiché est clair : atteindre la rentabilité d'ici 18 mois en sacrifiant les villes les moins profitables.
Un modèle économique fragilisé par des investissements massifs
Pourtant, tout avait bien commencé pour Kyte. Lancée en fanfare en 2021 après une levée de fonds de 9 millions de dollars, la startup californienne misait sur la flexibilité et la facilité d'utilisation de son service de location. Les investisseurs voyaient en elle un futur géant de la mobilité partagée, électrique et autonome, lui permettant de boucler un nouveau tour de table de 60 millions en 2022.
Mais cette croissance à marche forcée s'est faite au prix d'un endettement conséquent pour financer l'achat de sa flotte de véhicules, avec notamment un accord de financement de 200 millions de dollars avec Goldman Sachs et Ares Capital en 2022, suivi de 250 millions supplémentaires en mars dernier auprès de Barclays et Waterfall Asset Management.
Un pari risqué qui s'est heurté à la dure réalité du marché cet été, la rentabilité n'étant pas au rendez-vous dans la majorité des villes, poussant l'entreprise à envisager un temps une vente avant d'opter finalement pour une restructuration en urgence.
La location de voitures en pleine mutation, les startups en difficulté
Plus globalement, c'est tout le secteur de la location courte durée et de l'autopartage qui traverse une passe difficile, en particulier pour les acteurs ayant misé sur l'électrification à outrance de leur flotte.
- Hertz, qui avait annoncé en grande pompe l'achat de 100 000 Tesla en 2021, a finalement dû se contenter de seulement 35 000 véhicules avant de revendre la majorité du parc courant 2024.
- Autonomy, startup fondée par Scott Painter (ex-TrueCar), a elle aussi revu ses ambitions à la baisse, renonçant à son objectif de 23 000 voitures électriques pour pivoter vers la vente de services logiciels et de données.
Dans cette tourmente, Kyte peut s'estimer heureuse de ne pas avoir trop cédé aux sirènes de l'électrique. Une prudence involontaire qui lui permet aujourd'hui de tenter ce pari de la restructuration plutôt que de jeter directement l'éponge.
Reste à savoir si ce remède de cheval suffira à redresser la barre et à imposer le modèle de Kyte face aux géants traditionnels de la location. L'avenir nous le dira, mais une chose est sûre : dans le monde impitoyable des startups, rien n'est jamais acquis et le chemin vers la rentabilité est souvent long et semé d'embûches.