Huawei et Jean-Louis Borloo : Une enquête qui soulève des questions
Une bombe vient d'exploser dans le monde des télécoms et de la politique française. Selon les informations de Challenges, le géant chinois Huawei est visé par une enquête judiciaire pour trafic d'influence, abus de biens sociaux et recel. Au cœur des soupçons : les liens troubles entre l'entreprise et l'ancien ministre Jean-Louis Borloo. Retour sur une affaire qui soulève de nombreuses questions.
Huawei dans le viseur de la justice française
L'enquête trouve son origine dans un contrôle mené en 2021 par l'Agence française anticorruption (AFA). Chargée de vérifier le respect des règles de conformité par les grandes entreprises, l'AFA a transmis ses éléments au parquet de Nanterre. Ce dernier a alors ouvert une enquête officielle visant Huawei.
Au fil des investigations, les enquêteurs ont mis au jour un don de 50 000 euros effectué par Huawei en 2018 au profit de la fondation "Energies pour l'Afrique", lancée par Jean-Louis Borloo. Problème : à l'époque, l'ancien ministre occupait également un poste d'administrateur chez Huawei France. Un mélange des genres qui interroge sur de possibles conflits d'intérêts.
Un autre don questionné
Un autre élément intrigue la justice. En février 2017, Huawei a fait don de 200 caméras de vidéosurveillance à la ville de Valenciennes, dont Jean-Louis Borloo a été maire jusqu'en 2002. Si l'entreprise affirme que ces dons respectent les lois et réglementations françaises, leur timing et leurs bénéficiaires soulèvent des questions.
Huawei et le déploiement de la 5G
Pour comprendre l'enjeu, il faut revenir au contexte de l'époque. En 2016, quand Jean-Louis Borloo est nommé au conseil d'administration de Huawei France, le géant de Shenzhen cherche à peser sur le déploiement de la 5G. Avoir un ancien ministre dans ses rangs est un atout de taille pour renforcer son influence.
Mais depuis, le vent a tourné pour Huawei. Soupçonné de liens avec le gouvernement chinois, l'équipementier fait l'objet de restrictions dans plusieurs pays occidentaux, dont la France. Ses équipements sont perçus comme un risque pour la sécurité nationale.
Chacune de ces donations a été engagée dans le respect systématique des lois et réglementations françaises.
Huawei France
Quel avenir pour Huawei en France ?
Cette enquête tombe au plus mal pour Huawei, qui tente de rassurer sur ses activités dans l'Hexagone. Elle risque de renforcer la méfiance à l'égard du groupe chinois et de compliquer encore ses relations avec les autorités françaises.
De son côté, Jean-Louis Borloo a quitté ses fonctions chez Huawei en 2020. Contacté par Challenges, il n'a pas souhaité faire de commentaires. L'ancien ministre, un temps pressenti pour prendre la tête de la filiale française, a finalement renoncé à ce poste très exposé.
Cette affaire illustre les zones grises qui peuvent exister dans les relations entre grands groupes et personnalités politiques. Si Huawei et Jean-Louis Borloo assurent avoir respecté les règles, la justice veut en avoir le cœur net. L'enquête ne fait que commencer, mais elle promet déjà son lot de révélations sur les coulisses du pouvoir et des affaires.