L’UE lance une enquête sur Temu pour non-conformité au DSA
Les autorités européennes resserrent l'étau autour des géants du e-commerce. Après avoir placé AliExpress dans son viseur au printemps dernier, c'est au tour de Temu, plateforme ultra low-cost appartenant au groupe chinois Pinduoduo, de faire l'objet d'une enquête approfondie sous l'égide du Digital Services Act (DSA).
Temu dans la tourmente pour de multiples infractions présumées
Lancé en grande pompe l'année dernière, Temu a connu une croissance fulgurante en Europe grâce à ses prix imbattables. Mais cette ascension express suscite de nombreuses inquiétudes quant au respect des règles en vigueur dans l'UE, notamment en matière de sécurité des produits et de protection des consommateurs.
La Commission européenne, chargée de faire appliquer le DSA pour les très grandes plateformes comme Temu, a donc décidé d'ouvrir une procédure formelle. L'objectif : vérifier si le e-commerçant se conforme bien à ses obligations, et le sanctionner le cas échéant.
Jouets et cosmétiques non conformes dans le viseur
Parmi les griefs formulés à l'encontre de Temu, la mise en vente de produits illégaux ou dangereux arrive en tête de liste. Des agences de protection des consommateurs et des autorités douanières ont tiré la sonnette d'alarme sur la présence de jouets et de cosmétiques ne respectant pas les normes européennes.
Les enforcers s'inquiètent de voir des produits non conformes réapparaître rapidement sur la plateforme après leur retrait, ainsi que des vendeurs peu scrupuleux revenir sous d'autres identités.
Commission européenne
Design addictif et algorithmes opaques pointés du doigt
Au-delà de la sécurité des produits, Temu est également soupçonné d'avoir recours à des pratiques de design addictif pour pousser les utilisateurs à acheter toujours plus. Ses systèmes de récompenses gamifiés et son infinite scroll vont être passés au crible.
Le manque de transparence sur les algorithmes de recommandation de la plateforme pose aussi question. Temu propose-t-il une option permettant d'échapper au profilage ? Les autorités veulent en avoir le cœur net.
Temu priée d'ouvrir ses données aux chercheurs
Enfin, la Commission déplore que Temu n'ait pas honoré ses obligations en matière d'accès des chercheurs aux données publiques. Ces informations sont pourtant cruciales pour étudier le fonctionnement de la plateforme et évaluer l'efficacité de sa modération.
En bonus, l'évaluation des risques systémiques fournie par Temu fin septembre a été jugée trop générique par Bruxelles. Un document plus fouillé est attendu.
Jusqu'à 6% du chiffre d'affaires en jeu
Si les soupçons de la Commission se confirment, la maison-mère de Temu, Pinduoduo, s'expose à une amende pouvant atteindre 6% de son chiffre d'affaires annuel mondial. Un montant colossal qui devrait inciter la licorne chinoise à se mettre rapidement en conformité.
Temu assure de son côté prendre le DSA très au sérieux et promet une coopération sans faille avec les régulateurs. La plateforme dit avoir déjà engagé des discussions pour adhérer au Memorandum of Understanding de la Commission sur la vente en ligne de produits contrefaits.
Une chose est sûre : en s'attaquant à un acteur de la trempe de Temu quelques mois à peine après sa désignation comme très grande plateforme, l'UE envoie un signal fort. Les arbitrages entre croissance à tout prix et respect des règles n'ont plus cours à l'heure du Digital Services Act. Même les champions venus de Chine devront s'y plier !