Le projet suisse visionnaire de transport souterrain de marchandises
Imaginé dès 2013, le Suisse a vu les choses en grand avec son projet Cargo sous terrain (CST). Cette initiative privée vise ni plus ni moins qu'à révolutionner le transport de marchandises en créant un vaste réseau souterrain de tunnels. Mais alors que le premier tronçon de 70 km devait voir le jour en 2031, le projet est confronté à ses premiers défis, obligeant CST à revoir sa copie.
Un concept novateur de logistique souterraine
L'idée derrière Cargo sous terrain est aussi simple qu'ambitieuse : désengorger les routes en faisant passer une partie du fret dans des galeries creusées à plus de 20 mètres sous terre. Dans ces tunnels à trois voies circuleraient des navettes autonomes sur roues, capables de transporter des palettes à 30 km/h grâce à un système d'entraînement électrique.
Ces véhicules sans conducteur relieraient des centres logistiques de surface, équipés d'ascenseurs pour faire descendre et remonter les marchandises. CST a même dévoilé un premier prototype de monte-charge codéveloppé avec l'entreprise belge Gritec. L'objectif : compléter le transport ferroviaire en permettant une distribution fine des produits.
Un réseau de 500 km d'ici 2045
Si le projet peut sembler fou, il a vite séduit investisseurs et politiques en Suisse. Dès 2016, CST bouclait un premier tour de table de plus de 100 millions de francs suisses. En 2020, le Parlement votait une loi pour encadrer son développement. À terme, c'est un réseau tentaculaire de 500 km de tunnels qui doit voir le jour d'ici 2045 :
- Un premier tronçon de 70 km entre Härkingen et Zurich dès 2031
- Des extensions vers Berne, Lucerne et Thoune dans un second temps
- Connexion entre le Lac Léman et le Lac de Constance à l'horizon 2045
- Raccordement de Bâle au réseau
Un projet qui doit faire ses preuves
Malgré le soutien initial, Cargo sous terrain doit aujourd'hui convaincre. Son efficacité est remise en question par certains cantons comme Zurich, qui estime la réduction du trafic routier à seulement 3%. L'impact environnemental et l'emplacement des hubs logistiques font aussi débat.
Les installations souterraines doivent être compatibles avec les intérêts de protection liés au sous-sol, par exemple l'impact sur les eaux souterraines. La planification d'un tel système de transport impose donc des exigences très élevées.
Manuel Fuchs, porte-parole du canton de Zurich
Face à ces réserves, le projet a dû s'adapter. Un nouveau PDG est entré en fonction et une partie des effectifs a été licenciée. Sans renoncer au premier tronçon entre Härkingen et Zurich, CST retravaille le concept, les spécifications techniques et l'implantation des centres. Une nouvelle mouture doit être proposée aux cantons et communes courant 2025.
Les investisseurs deviennent frileux
Ce retard a aussi refroidi certains investisseurs. Migros, poids lourd de la distribution et principal actionnaire, a annoncé suspendre ses investissements. La Poste suisse reste pour l'instant observatrice. Quant à la Confédération, elle a exclu tout financement public. Cargo sous terrain doit donc démontrer la faisabilité et la pertinence de son projet pour convaincre.
Malgré ces défis, l'idée d'un transport souterrain des marchandises conserve de solides soutiens tant le concept semble prometteur. Désengorger les routes, décarboner la logistique, automatiser les flux : autant de promesses qui séduisent à l'heure de la transition énergétique. La Suisse, pionnière sur le sujet, joue donc son rôle de laboratoire pour tester et améliorer cette innovation de rupture. Les prochains mois seront cruciaux pour l'avenir de Cargo sous terrain, dont beaucoup espèrent qu'il tracera la voie. À suivre !