Les Enjeux des Élections Américaines pour les Investisseurs

En cette période électorale américaine, les marchés financiers sont plus que jamais suspendus aux urnes. Après une campagne aux multiples rebondissements, démocrates et républicains s'affrontent dans un duel au sommet dont l'issue pourrait bien redistribuer les cartes de l'économie mondiale. Kamala Harris, candidate démocrate, face à Donald Trump, son rival républicain : deux personnalités aux antipodes et deux visions radicalement différentes pour l'avenir des États-Unis. De quoi donner des sueurs froides aux investisseurs du monde entier.

Une élection sous haute tension

Rarement une élection présidentielle américaine n'aura été aussi serrée et indécise. Les sondages donnent les deux candidats au coude-à-coude, laissant planer le spectre d'un résultat contesté comme en 2000 avec le duel Bush-Gore. À l'époque, la confusion avait plongé les marchés dans le rouge avec une chute de 5% du S&P 500. Deux décennies plus tard, les investisseurs redoutent un scénario similaire.

Mike Mullaney, vétéran de la gestion d'actifs, résume bien les inquiétudes :

C'est l'élection la plus importante que j'ai vue dans ma carrière de plus de 40 ans. Cela va être très partagé, avec certaines choses qui se produiront en cas de victoire de Trump, et d'autres en cas de victoire de Harris.

– Mike Mullaney, Directeur d'études chez Boston Partners

Les « Trump trades » dans le viseur

En cas de réélection de Donald Trump, les investisseurs anticipent un retour en force des fameux « Trump trades ». Derrière ce terme se cachent les secteurs et actifs qui avaient profité de l'élection surprise du milliardaire en 2016, portés par ses promesses de baisses d'impôts et de dérégulation :

• Le peso mexicain, sous pression avec la menace de droits de douane.
• Les banques régionales, grandes gagnantes d'un allègement des contraintes réglementaires.
• Les bons du Trésor, dont les rendements ont grimpé avec la perspective d'une hausse de l'inflation.

Mais attention, le « Trump trade » version 2024 pourrait réserver quelques surprises. La volatilité risque d'être au rendez-vous, comme l'explique Matt Miskin de John Hancock Investment Management :

Le marché est tiraillé et poussé dans des directions différentes, les investisseurs essayant d'intégrer de nombreuses inconnues liées à l'élection. Dans la semaine à venir, nous aurons des certitudes : soit cela renforcera ce positionnement, soit il y aura un bouleversement.

– Matt Miskin, Co-directeur de la stratégie chez John Hancock Investment Management

Harris présidente : le scénario de la rupture

Quid si Kamala Harris l'emporte ? C'est le scénario de la rupture qui se profile. Au programme : davantage de régulation, un soutien accru aux énergies propres et une possible hausse d'impôts pour les entreprises et les plus aisés. Une équation délicate pour les marchés qui misent au contraire sur le statu quo.

Pour autant, tout dépendra de la capacité de la candidate démocrate à faire passer ses réformes au Congrès. Et là, rien n'est moins sûr comme le souligne l'analyse de Capital Economics :

Si Harris gagne, il est désormais très probable qu'elle soit confrontée à un Sénat contrôlé par les républicains, ce qui laisserait la plupart de ses projets budgétaires au point mort.

En quête de clarté et de visibilité

Au-delà des projets contradictoires des candidats, c'est avant tout la clarté du résultat que les investisseurs attendent avec impatience. Historiquement, les actions ont tendance à bien performer en fin d'année électorale, quel que soit le vainqueur, les opérateurs appréciant de connaître enfin la donne politique.

Mais cette fois, l'ombre d'un scrutin disputé et contesté plane comme une épée de Damoclès, ravivant le souvenir douloureux du combat Bush-Gore en 2000 et de ses 36 jours de psychodrame. De quoi donner de l'urticaire aux marchés, déjà malmenés par des résultats d'entreprises mitigés. L'indice VIX, surnommé « l'indicateur de la peur », a bondi la semaine dernière.

Alors, dans une période géopolitique tourmentée, tous les regards convergent vers ces élections américaines à haut risque. Quel que soit le résultat final, une certitude demeure : le 3 novembre 2024 pourrait bien rester dans les annales de la finance comme un rendez-vous électoral pas comme les autres. Les investisseurs sont prévenus, il va falloir avoir les nerfs solides.