L’avenir de l’automobile se joue dans une course à l’innovation

L'industrie automobile française traverse une zone de turbulences sans précédent. Prise en étau entre l'urgence de la transition écologique et l'intensification de la concurrence mondiale, elle n'a d'autre choix que d'accélérer sa mue par l'innovation. Une gageure alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent, entre fermetures d'usines, suppressions d'emplois et menace de lourdes amendes réglementaires.

L'innovation, seul moteur de la survie

Face à ce mur qui se rapproche à grande vitesse, constructeurs et équipementiers ont enclenché le pas de course. Leur feuille de route : électrifier les gammes, alléger les véhicules, connecter les habitacles, automatiser la conduite. Le tout en réinventant leurs modèles industriels pour produire local et responsable. Un virage serré qu'ils négocient à coups d'investissements massifs et de partenariats stratégiques.

L'innovation est le seul moteur qui puisse nous sortir de l'ornière et projection l'automobile française dans le futur.

– Luca de Meo, directeur général de Renault

Vers l'électrification totale des gammes

Pour répondre à l'objectif européen de neutralité carbone, les constructeurs tricolores ont engagé l'électrification totale de leurs gammes d'ici 2030. Renault prévoit de lancer 10 nouveaux modèles électriques et d'atteindre 90% de ventes électriques en Europe à cet horizon. Stellantis vise 75% de voitures électriques en 2030. Tous misent sur la nouvelle plateforme électrique et la batterie du futur pour démocratiser la voiture zéro émission.

La révolution des usines et des chaînes de valeur

Pour réussir ce pari, les usines historiques entament leur mue. Renault transforme ses sites de Douai, Maubeuge et Ruitz dans les Hauts-de-France en pôle d'excellence électrique. Stellantis convertit progressivement Sochaux et Mulhouse à l'électrique. Les équipementiers eux se lancent dans la diversification pour être moins dépendants du thermique.

• Valeo poursuit son virage vers l'aide à la conduite, la réduction des émissions et l'électrification.
• Plastic Omnium se renforce dans l'hydrogène et les piles à combustible.
• Faurecia accélère dans l'habitacle du futur et l'électronique.

Le véhicule intelligent et autonome en ligne de mire

Autre axe d'innovation majeur : faire des voitures des objets intelligents et autonomes. Bardées de capteurs et d'électronique, connectées à leur environnement, elles dialogueront avec l'infrastructure et les autres véhicules pour fluidifier le trafic et renforcer la sécurité. Stellantis veut proposer la conduite autonome sur autoroute dès 2024.

Pour y parvenir, les partenariats se multiplient. Renault et Waymo codéveloppent un système de mobilité autonome, Stellantis mise sur son écosystème de startups automobiles.

Le défi de l'écoconception et du recyclage

Dernière frontière de l'innovation automobile : concevoir des véhicules plus sobres et circulaires. Réduction de l'empreinte matières premières, intégration de matériaux recyclés et biosourcés, éco-conception des batteries... Les défis technologiques sont nombreux.

Renault s'est fixé pour objectif d'atteindre 33% de matériaux recyclés dans ses nouveaux véhicules d'ici 2030. Plastic Omnium planche sur des pièces plus légères intégrant des matériaux verts. Faurecia travaille sur des technologies de recyclage avancées.

Transformer la contrainte environnementale en opportunité

Au final, c'est en transformant la contrainte environnementale en opportunité d'innovation que l'automobile française pourra retrouver son leadership. Et conserver son rang d'industrie stratégique pour la souveraineté nationale. Une course de vitesse est engagée.

Nous n'avons pas d'autre choix que d'innover pour verdir et digitaliser nos véhicules. C'est une question de survie et une formidable occasion de nous réinventer.

- Carlos Tavares, directeur général de Stellantis

L'Etat a un rôle crucial à jouer pour accompagner cette mutation en maintenant un cadre réglementaire et fiscal incitatif à l'achat de véhicules propres. Mais aussi en soutenant financièrement la recherche, la formation et les investissements industriels. L'avenir de la filière et ses 400 000 emplois en dépendent. Le compte à rebours est lancé.