Le défi sanitaire des emballages alternatifs au plastique
Face à la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, la tendance est à la quête d'alternatives aux emballages plastiques. Gobelets en carton, pailles en bambou, contenants en fibres naturelles... Ces solutions se multiplient, avec la volonté affichée de proposer des options plus écologiques. Pourtant, une récente étude de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) vient jeter un pavé dans la mare. Ses conclusions pointent en effet des risques sanitaires préoccupants liés à certains de ces emballages alternatifs.
Des emballages "verts" pas si inoffensifs
Menée en 2022 auprès de 1254 établissements, la campagne de contrôle de la DGCCRF, dont le bilan a été salué par Elipso (l'organisation professionnelle de l'emballage plastique et souple), tire la sonnette d'alarme. Elle révèle qu'un tiers des emballages alternatifs aux plastiques contrôlés présentaient des anomalies au regard des exigences réglementaires en matière d'aptitude au contact alimentaire.
Parmi les problèmes soulevés, on retrouve des allégations trompeuses comme des mentions "Sans BPA" laissant supposer la présence préalable de bisphénol A, ou encore l'argument du caractère "naturel" du bois ou du bambou utilisés. Mais au-delà de ces aspects marketing contestables, ce sont surtout les risques de contamination des aliments qui inquiètent.
Des taux de substances toxiques alarmants dans les emballages recyclés
Le cas des papiers et cartons contenant des fibres recyclées est particulièrement préoccupant. L'étude de la DGCCRF a en effet mis en évidence la présence de taux de plomb ou de phtalates supérieurs aux limites acceptables dans certains de ces emballages. Des substances dangereuses pour la santé qui peuvent migrer des emballages vers les aliments.
Des dépassements des seuils de migration globale ont aussi été constatés pour certains gobelets destinés à recevoir des boissons chaudes. Les surfaces imprimées d'objets comme les pailles, lorsqu'elles entrent en contact direct avec les aliments, font aussi courir un risque de contamination par les composants des encres utilisées.
Vers une approche plus rigoureuse et transparente
Face à ces constats alarmants, Elipso appelle à une analyse préalable approfondie des impacts sanitaires et environnementaux avant tout remplacement des emballages plastiques :
Il est important que les transferts d'impacts sanitaires comme environnementaux puissent faire l'objet d'analyses "en amont" des remplacements projetés par les utilisateurs d'emballages et non pas être constatés "a posteriori", lorsqu'il est trop tard.
Elipso
L'organisation pointe du doigt les dérives de certaines marques qui privilégient une communication "verte" au détriment de la sécurité réelle des consommateurs. Une mise en garde qui résonne d'autant plus fortement dans un contexte où le "greenwashing" est monnaie courante.
Innover oui, mais pas au détriment de la santé
S'il est crucial de trouver des alternatives plus durables aux emballages plastiques, cette quête ne doit pas se faire au prix de la sécurité sanitaire. Avant de lancer de nouveaux emballages sur le marché, une évaluation rigoureuse de leur innocuité doit être menée.
Cela passe par une transparence totale sur la composition de ces emballages, les tests réalisés, et un contrôle continu une fois qu'ils sont commercialisés. C'est à ces conditions que l'innovation pourra véritablement servir la cause écologique, sans mettre en danger la santé des consommateurs.
Les conclusions de l'étude de la DGCCRF doivent servir d'électrochoc. Elles rappellent que derrière les promesses des emballages "verts" se cachent parfois des réalités bien moins reluisantes. À l'heure où la demande pour des alternatives au plastique explose, il est impératif de redoubler de vigilance. Car protéger la planète ne doit pas se faire au prix de notre santé.
