Ben Horowitz : Un influent dans la police de Las Vegas
Lorsqu'il est question de la sécurité publique, l'influence des géants de la tech est souvent pointée du doigt. Mais saviez-vous que certains investisseurs de renom tissent des liens étroits avec les forces de l'ordre ? C'est notamment le cas de Ben Horowitz, célèbre capital-risqueur de la Silicon Valley, qui entretient une relation particulière avec la police de Las Vegas.
Ben Horowitz, un "ange gardien" high-tech pour la police
Depuis son installation à Las Vegas en 2020, Ben Horowitz multiplie les gestes de générosité envers la police locale. Mais au-delà des dons classiques, c'est surtout son rôle dans l'acquisition de technologies de pointe qui interpelle. Grâce à ses liens avec de nombreuses startups, Horowitz facilite l'adoption par le Las Vegas Metropolitan Police Department (LVMPD) de solutions développées par des pépites de son portefeuille.
Parmi les bénéficiaires de ce mécénat high-tech, on retrouve notamment :
- Skydio, fabricant de drones
- Flock Safety, spécialiste des caméras de surveillance
- Prepared911, plateforme d'aide aux appels d'urgence
En finançant directement l'achat de ces équipements, Ben Horowitz court-circuite les procédures habituelles d'appel d'offres. Une approche qui soulève des questions sur l'influence des intérêts privés dans les décisions des forces de l'ordre.
Le cas Skydio, révélateur d'une relation ambiguë
L'acquisition de drones Skydio par la police de Las Vegas illustre bien l'influence de Ben Horowitz. Alors que le LVMPD possédait déjà des appareils d'autres marques, l'investisseur a insisté pour que le département adopte ceux de Skydio, une startup dans laquelle son fonds Andreessen Horowitz a investi.
Les échanges de mails entre Horowitz et le chef de cabinet de la police, Mike Gennaro, révèlent une proximité troublante :
— Quel déploiement voulez-vous faire ?
— Ce que vous voulez, Ben.
Au final, la générosité intéressée de Horowitz a permis à Skydio de décrocher un contrat juteux et de communiquer sur ce partenariat prestigieux. Une situation qui n'est pas sans rappeler les dérives du "philanthrocapitalisme" dénoncées par certains observateurs.
Une tendance qui soulève des questions démocratiques
Le cas de Ben Horowitz et de la police de Las Vegas n'est pas isolé. De plus en plus de startups courtisent les forces de l'ordre pour déployer leurs technologies de surveillance et d'analyse, avec la bénédiction de riches investisseurs. Une tendance inquiétante au regard des enjeux de transparence et de contrôle démocratique.
Les milliardaires ne devraient pas être autorisés à acheter l'accès et l'influence auprès des forces de l'ordre.
Evan Feeney, Color of Change
Si les dons d'équipements high-tech peuvent sembler bénéfiques à court terme, ils soulèvent de sérieuses questions à long terme. En contournant les procédures encadrées, ce capitalisme de surveillance met en péril les garde-fous démocratiques et expose les citoyens à des dérives potentielles.
Il est donc urgent de renforcer la transparence et la supervision des partenariats public-privé dans le domaine de la sécurité. Sans quoi, nous risquons de voir émerger une police à deux vitesses, où les intérêts des géants de la tech priment sur l'intérêt général et les libertés individuelles. Un enjeu crucial pour l'avenir de nos démocraties à l'ère numérique.