L’aluminium recyclé, un enjeu clé pour Constellium face à la demande croissante
Vous êtes-vous déjà demandé ce que devenaient vos canettes de soda une fois jetées dans la poubelle de tri ? Elles pourraient bien se retrouver chez Constellium, géant français de l'aluminium qui mise plus que jamais sur le recyclage pour faire face à la demande croissante, notamment dans les secteurs clés de l'automobile et de l'emballage.
Un investissement stratégique pour l'avenir
Face à la hausse de la demande en aluminium, Constellium a décidé d'investir massivement dans le recyclage avec une nouvelle ligne dédiée alimentant son usine de Neuf-Brisach, dans le Haut-Rhin. Pour Jean-Marc Germain, PDG de Constellium, ce choix est stratégique :
La demande d'aluminium pour les canettes et l'automobile est croissante. D'un côté pour des questions d'allégement, afin d'économiser l'énergie et d'augmenter l'autonomie des véhicules électriques. De l'autre, car le monde a la volonté de réduire la pollution du plastique. Face à cette hausse de la demande, il faut recycler davantage.
– Jean-Marc Germain, PDG de Constellium
Et les chiffres parlent d'eux-mêmes : l'aluminium recyclé est jusqu'à 95% moins émetteur de CO2 que l'aluminium primaire. Un argument de poids à l'heure où l'industrie cherche à réduire son empreinte environnementale.
Des défis à relever
Malgré ces perspectives prometteuses, Constellium doit faire face à plusieurs défis. La baisse des ventes de véhicules électriques et les difficultés de Boeing ont un impact sur son activité. La politique européenne d'ajustement carbone aux frontières pourrait aussi renchérir les coûts pour ses clients.
L'approvisionnement est un autre enjeu majeur. Suite aux sanctions contre la Russie, Constellium a dû trouver de nouvelles sources pour remplacer les contrats avec le russe Rusal qui s'achèvent. La fragmentation du marché pourrait peser sur les prix.
Miser sur l'économie circulaire
Pour s'adapter, Constellium mise sur l'économie circulaire et le recyclage. Le groupe s'est fixé des objectifs ambitieux, alors que la Commission européenne vise un taux de recyclage de 90% pour les canettes en aluminium. Mais la route est encore longue, notamment en France où la collecte des emballages laisse à désirer.
Pour doper le contenu en aluminium recyclé de ses produits, le site de Neuf-Brisach doit encore s'approvisionner à l'étranger.
La faute à la mauvaise collecte hexagonale : les emballages de sodas et consorts sont rarement jetés dans la bonne poubelle. Pire : même les flux d'aluminium qui viennent des poubelles de tri comportent des aérosols ou des barquettes, composés d'autres nuances d'alu que Constellium ne peut pas séparer.
Il reste donc du chemin à parcourir côté tri et collecte pour optimiser le recyclage de l'aluminium et répondre aux besoins croissants de l'industrie. Constellium plaide d'ailleurs pour la mise en place d'une consigne sur les canettes.
Cap sur un avenir durable pour l'aluminium
Malgré ces obstacles, Constellium reste optimiste quant aux perspectives de croissance à long terme pour l'aluminium, porté par des tendances de fond comme l'allégement dans l'automobile et la substitution du plastique dans l'emballage.
Le recyclage apparaît plus que jamais comme un levier clé pour concilier développement de la filière et transition écologique. Un défi stratégique et passionnant pour ce fleuron de l'industrie française, qui mise sur l'innovation et l'économie circulaire pour façonner un avenir plus durable.