Une startup révolutionne le recyclage des batteries lithium-ion
Face à l'envolée de la demande en lithium, le recyclage des batteries s'impose comme un enjeu crucial. C'est le défi que relève Tozero, une jeune pousse munichoise qui vient de boucler une levée de fonds de 11,7 millions de dollars pour déployer à grande échelle son procédé innovant de récupération du lithium.
Un procédé plus écologique pour recycler le lithium
Tozero a mis au point une méthode de carbonatation aqueuse qui permet d'extraire efficacement le lithium des batteries usagées, tout en étant plus respectueuse de l'environnement que les techniques classiques de pyrométallurgie ou d'hydrométallurgie. Ce procédé ne nécessite ni hautes températures, ni acides agressifs.
Résultat : les émissions sont réduites de 70% par rapport à l'extraction minière du lithium. La startup récupère également le graphite des batteries, un autre matériau critique. Deux atouts clés face à une demande en lithium qui devrait quadrupler d'ici 2030 pour atteindre 3,1 millions de tonnes, tirée par l'essor des véhicules électriques et des énergies renouvelables.
Le lithium sera toujours présent dans les batteries, mais les autres éléments changent avec les innovations dans la fabrication des batteries. Peu importe qu'il y ait du nickel ou quelques pourcents de cobalt en plus ou en moins, le lithium est toujours là.
- Dr. Ksenija Milicevic Neumann, co-fondatrice de Tozero
Une usine pilote déjà opérationnelle
Fondée en 2022, Tozero a déjà ouvert une usine pilote capable de traiter 9 tonnes de déchets de batteries lithium-ion par jour. La startup vise une capacité illimitée d'ici quelques années en déployant son premier site industriel, surnommé "first-of-a-kind" (FOAK). De quoi répondre à une demande déjà très forte :
Les clients prennent d'assaut l'usine. Nous avons déjà des contrats d'approvisionnement dépassant le milliard d'euros avec des clients désireux d'avoir notre matériau.
- Dr. Sarah Fleischer, co-fondatrice et PDG de Tozero
Tozero a livré ses premiers lots de lithium recyclé de haute pureté en avril dernier, 9 mois seulement après l'ouverture de son usine pilote. Un temps record pour une industrie où les délais d'équipement freinent souvent le passage à l'échelle.
Réduire la dépendance européenne au lithium chinois
Pour l'Europe, recycler le lithium est aussi un enjeu de souveraineté. Les dirigeants de Tozero soulignent la dépendance du Vieux continent, qui importe plus de 97% de son lithium de Chine. Un risque pour de nombreuses filières industrielles.
L'Union européenne a d'ailleurs rendu obligatoire la récupération d'au moins 80% du lithium des batteries d'ici 2031. En développant des capacités de recyclage locales, Tozero entend contribuer à sécuriser les approvisionnements européens en ce métal stratégique.
Cap sur l'Amérique du Nord
Après l'Allemagne et l'Europe, Tozero vise le marché nord-américain. Une fois son usine FOAK opérationnelle, la startup envisage une expansion mondiale, en opérant elle-même ses usines pour garantir la qualité.
La jeune pousse n'exclut pas pour autant les partenariats pour accélérer son déploiement. Son approche, protégée en tant que secret industriel, pourrait aussi servir à récupérer d'autres matériaux critiques à l'avenir.
Nous voulons nous concentrer sur le recyclage d'autres matériaux à l'avenir également. Nous sommes très conscients des défis plus larges liés à la décarbonation durable.
- Dr. Ksenija Milicevic Neumann
Avec son procédé innovant et écologique, Tozero montre qu'allier croissance industrielle et développement durable est possible dans le secteur stratégique des batteries. Une approche prometteuse à l'heure où l'Europe veut bâtir une filière souveraine et décarbonée pour soutenir sa transition énergétique.