Le Québec maintient le cap malgré la baisse des investissements en capital-risque
En cette fin d'année 2024, l'écosystème des startups québécoises fait face à un défi de taille : la baisse significative des investissements en capital-risque. Selon un récent rapport conjoint de Réseau Capital et de la Canadian Venture Capital Association (CVCA), le troisième trimestre a enregistré une chute de 63% du volume de financement par rapport au trimestre précédent. Avec seulement 239 millions de dollars investis à travers 25 transactions, ce trimestre se classe parmi les 5 plus faibles des 10 dernières années en termes de taille des transactions. Mais au-delà de ces chiffres préoccupants, l'écosystème québécois prouve sa résilience et laisse entrevoir des signes prometteurs pour l'avenir.
Un contexte national et international difficile
La baisse du financement en capital-risque n'est pas un phénomène isolé au Québec. À l'échelle canadienne, le manque de financement au stade d'amorçage est jugé "préoccupant" par Kim Furlong, PDG de la CVCA. Seule éclaircie notable : la forte performance du secteur des technologies propres et la méga-levée de fonds de 1,24 milliard de dollars réalisée par la société de legaltech vancouvéroise Clio.
Malgré ce contexte difficile, le Québec parvient à tirer son épingle du jeu en se classant comme le deuxième marché le plus important au Canada après l'Ontario, avec 85 transactions totalisant 1,5 milliard de dollars depuis le début de l'année. La Colombie-Britannique compte moins de transactions mais un volume supérieur, porté par le tour de table record de Clio.
Des tours de table significatifs malgré tout
En regardant les chiffres de plus près, on constate que le Québec a déjà dépassé son total d'investissements de 2023, un objectif que l'Ontario n'a pas encore atteint cette année. Plusieurs tours de table importants ont contribué à cette performance :
- Le placement privé de 271 millions de dollars d'enGene
- La Série E de 136 millions de dollars de FLO
- Les 88 millions de dollars levés par la startup cleantech Sofiac lors d'un tour mené par des investisseurs français
L'absence de sorties inquiète
Si le ralentissement du financement en stade avancé et en croissance est préoccupant, c'est surtout l'absence totale de sorties publiquement annoncées qui fait craindre le pire pour l'écosystème québécois. Comme le souligne Olivier Quenneville, PDG de Réseau Capital :
Le manque de sorties est très préoccupant. Cela limite les retours aux investisseurs et donc le recyclage de ces retours dans l'écosystème.
– Olivier Quenneville, Réseau Capital
Autrement dit, sans sorties, il devient difficile pour les fonds d'investissement de générer des rendements et de réinvestir dans de nouvelles startups prometteuses. C'est tout le cycle vertueux du capital-risque qui se grippe.
Les startups en stade précoce, moteur de l'écosystème
Heureusement, les startups en stade précoce apportent une lueur d'espoir. Sur l'ensemble de l'année 2024, on observe une augmentation de 42% du nombre de transactions en stade précoce par rapport à la même période l'an dernier. Même si la valeur totale de ces transactions a légèrement diminué (-6%), cette dynamique positive démontre le potentiel de renouvellement de l'écosystème québécois.
Autre signal encourageant : malgré un troisième trimestre décevant au niveau national, les secteurs des technologies propres et des sciences de la vie affichent une croissance de plus de 23% des investissements au Québec cette année. De quoi espérer un avenir plus vert et une meilleure santé pour nos startups !
Les investisseurs québécois s'illustrent à l'échelle nationale
Enfin, il convient de souligner la forte présence des investisseurs québécois sur la scène canadienne du capital-risque. Parmi les 10 investisseurs les plus actifs au pays, 5 sont basés au Québec :
- BDC Capital (fonds fédéral)
- Investissement Québec
- Desjardins Capital
- Fonds de solidarité FTQ
- Anges Québec
Cette forte représentation québécoise, même si elle repose encore largement sur des fonds publics ou parapublics, témoigne du dynamisme et de l'expertise de notre écosystème d'investissement. De quoi voir l'avenir avec un optimisme mesuré, en attendant le retour en force des fonds privés et une accélération des sorties.
Le Québec a prouvé par le passé sa capacité à se réinventer et à innover en période de crise. Gageons que nos entrepreneurs et nos investisseurs sauront une fois de plus transformer l'essai pour propulser notre écosystème vers de nouveaux sommets. Le capital-risque n'a pas fini de faire parler de lui dans la Belle Province !