OpenAI a envisagé l’acquisition du fabricant de puces IA Cerebras
De nouveaux documents judiciaires issus du procès intenté par Elon Musk à OpenAI révèlent qu'en 2017, le laboratoire d'IA envisageait sérieusement de mettre la main sur Cerebras, une jeune pousse prometteuse spécialisée dans la conception de puces optimisées pour l'intelligence artificielle. Cette opération, qui n'a finalement pas abouti, aurait pu changer la donne pour les deux entreprises à une époque charnière.
OpenAI lorgnait sur Cerebras dès ses débuts
Fondée en 2016, Cerebras a rapidement suscité l'intérêt des géants de la tech par ses processeurs surpuissants taillés pour l'IA. Et OpenAI ne faisait pas exception, comme en attestent des emails exhumés dans le cadre du procès Musk. Dès septembre 2017, Ilya Sutskever, cofondateur et ancien directeur scientifique d'OpenAI, suggérait au CEO Sam Altman et à Elon Musk, alors impliqué financièrement, de passer à l'action :
Si nous décidons d'acheter Cerebras, j'ai la forte intuition que cela se fera via Tesla. Mais pourquoi procéder ainsi si nous pouvons aussi le faire depuis OpenAI ?
– Ilya Sutskever, septembre 2017
Un rachat par Tesla posait en effet question, le constructeur ayant un devoir de rentabilité envers ses actionnaires, pas forcément aligné avec la mission d'OpenAI. Quelques mois plus tôt, en juillet, Sutskever évoquait déjà dans un autre email une "fusion" avec Cerebras. Mais le deal ne se concrétisera pas, pour des raisons encore floues, et OpenAI mettra ses ambitions hardware en pause pour plusieurs années.
Cerebras, une pépite de l'IA
Basée à Sunnyvale en Californie, Cerebras conçoit des puces sur mesure pour exécuter et entraîner des modèles d'IA, affirmant surpasser en performance et en efficacité énergétique les produits phares de Nvidia, leader du secteur. Avec 715 millions de dollars levés auprès d'investisseurs, la société espère doubler sa valorisation de 4 milliards lors de son introduction en bourse à venir.
Mais des défis de taille l'attendent : dépendance à un unique client (la firme émiratie G42 pesant 87% de son chiffre d'affaires), inquiétudes des législateurs américains quant aux liens de G42 avec la Chine, et casier judiciaire du CEO Andrew Feldman, qui a plaidé coupable de falsification de comptes lorsqu'il officiait chez Riverstone Networks.
Un rachat aux bénéfices mutuels
Si l'acquisition s'était concrétisée, elle aurait pu profiter aux deux parties. Cerebras aurait évité un parcours boursier semé d'embûches, tandis qu'OpenAI se serait doté d'un atout stratégique dans la course aux puces IA maison. Car l'entreprise d'Altman cherche depuis longtemps à réduire sa dépendance à Nvidia, pour des raisons de coûts et de différenciation technologique.
- Un temps intéressé par le rachat de fonderies, OpenAI a finalement opté pour le recrutement intensif d'ingénieurs spécialisés.
- La firme collabore aujourd'hui avec les géants Broadcom et TSMC en vue de créer son propre processeur IA à horizon 2026.
Cet épisode méconnu illustre à quel point les enjeux hardware sont cruciaux dans la bataille de l'IA. S'il est passé à côté de Cerebras, nul doute qu'OpenAI aura à cœur de trouver d'autres moyens de muscler son arsenal de puces. La guerre de l'intelligence artificielle ne fait que commencer, et elle se jouera autant sur le front des algorithmes que des composants.