Étude “Chart Your Fart”: Suivez vos gaz pour la science
Connaissez-vous l'expression "c'est la science qui le dit" ? Et bien dans le cas présent, c'est la science qui vous le demande ! Le CSIRO, la principale agence de recherche australienne, lance un appel à tous les citoyens du pays : pendant 3 jours, notez et analysez consciencieusement vos flatulences via l'application mobile "Chart Your Fart". Si le nom du projet prête à sourire, l'objectif est on ne peut plus sérieux : mieux comprendre la santé intestinale des Australiens.
Un sujet de recherche pas si léger
Même si le sujet peut sembler trivial voire un brin scatologique, les flatulences sont en réalité un excellent indicateur du bon fonctionnement de notre système digestif. Comme l'explique Megan Rebuli, diététicienne chercheuse au CSIRO :
Les gaz sont un phénomène naturel et un signe que notre appareil digestif fonctionne correctement, en expulsant l'excès de gaz produit lors de la digestion des aliments que nous mangeons.
– Megan Rebuli, diététicienne chercheuse au CSIRO
Mais au-delà de leur simple présence, les caractéristiques de ces flatulences peuvent révéler de précieuses informations. Odeur, volume sonore, durée, persistance de l'odeur... Autant de critères sur lesquels les citoyens participants sont invités à se pencher, au sens figuré bien sûr !
Une application ludique et pédagogique
Pour faciliter la collecte de ces données très personnelles, le CSIRO a développé une application mobile baptisée "Chart Your Fart", téléchargeable gratuitement. Le ton se veut résolument décalé et humoristique, histoire de dédramatiser le sujet. On y trouve ainsi :
- Une échelle de puanteur allant de "inodore" à "toxique"
- Un volume sonore noté de "silencieux" à "assourdissant"
- Une durée qualifiée de "brève" à "éternité"
- Une persistance de l'odeur estimée de "fugace" à "perpétuelle"
- Une "discrétion" évaluée de "subtile" à "flagrante"
Au-delà de cet aspect ludique, l'application vise à sensibiliser le grand public à l'importance d'une bonne santé intestinale. Des conseils diététiques sont ainsi prodigués, comme éviter les aliments favorisant la production de gaz malodorants (choux, oignons, œufs...).
Un enjeu de santé publique
Cette opération grand public fait écho à une étude menée par le CSIRO en 2021 sur la santé intestinale des Australiens. Les résultats avaient alors révélé que :
- 60% des personnes interrogées souffraient de flatulences excessives
- Près de la moitié d'entre elles en étaient incommodées "la plupart des jours"
Au-delà de la gêne sociale, ces troubles peuvent révéler des problèmes plus profonds comme une mauvaise alimentation, une intolérance ou une pathologie. D'où l'intérêt pour les chercheurs de disposer de données à grande échelle, grâce à la participation citoyenne.
Une recherche n'est valable que si nous disposons de données suffisantes. Nous voulons travailler avec une communauté australienne aussi large et diverse que possible pour faire avancer la recherche sur la santé et le bien-être.
– Dr Emily Brindal, responsable du projet et chercheur en sciences du comportement au CSIRO
La science participative a le vent en poupe
Au-delà de son sujet pour le moins atypique, l'étude "Chart Your Fart" illustre la montée en puissance des sciences participatives. De plus en plus de programmes de recherche font ainsi appel à la contribution des citoyens pour collecter des données à grande échelle :
- Observations naturalistes (oiseaux, insectes, plantes...)
- Mesures environnementales (qualité de l'air, de l'eau...)
- Surveillance épidémiologique (symptômes grippaux...)
Cette approche présente de multiples avantages : sensibiliser le grand public aux enjeux scientifiques, disposer de jeux de données massifs, parfois sur des sujets difficiles à étudier autrement. À condition bien sûr de respecter des protocoles rigoureux et l'anonymat des participants !
Alors, prêt à devenir un "chasseur de prouts" ?
Si l'aventure vous tente, rien de plus simple : téléchargez l'application "Chart Your Fart", créez votre profil (anonyme) et lancez-vous dans ce safari d'un nouveau genre pendant 3 jours ! En contribuant à ce programme de recherche décalé, vous aiderez peut-être à faire avancer la science... Et vous découvrirez à coup sûr des choses sur vous-même !
Alors, comme le dit si bien le slogan de l'étude : "Ne retenez plus vos gaz, partagez-les... avec la science !" On hésite entre applaudir l'audace de nos amis Australiens, ou leur tirer notre chapeau (de l'autre main bien sûr). Une chose est sûre, ils auront réussi à faire parler d'un sujet de santé publique important, avec humour et pédagogie. Un bel exemple de communication scientifique décomplexée !