Le Taïwan appelle à un partenariat avec l’UE pour les puces et l’IA

Lors d'un récent forum d'investissement à Taipei, le président taïwanais Lai Ching-te a lancé un appel fort en direction de l'Union Européenne. Son objectif : mettre en place un partenariat économique ambitieux entre Taïwan et l'UE, avec un accent particulier sur deux domaines clés des technologies de pointe, les semiconducteurs et l'intelligence artificielle.

Face à la montée des régimes autoritaires dans le monde, Lai Ching-te estime qu'il est crucial pour les démocraties de s'unir et de former ce qu'il appelle un "parapluie démocratique solide". Et pour le leader taïwanais, ce parapluie passe par une coopération renforcée avec l'Europe, notamment pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement dans des secteurs stratégiques comme les puces électroniques et l'IA.

Un accord de partenariat économique pour une coopération innovante

Concrètement, Taïwan souhaite adopter une approche innovante en vue de signer un accord de partenariat économique avec l'Union Européenne. Pour Lai Ching-te, un tel accord permettrait de poser les bases institutionnelles solides indispensables pour faire avancer la coopération bilatérale sur les semiconducteurs et l'intelligence artificielle.

Le président taïwanais voit dans ce partenariat de multiples avantages :

• Rendre les économies taïwanaise et européenne plus résilientes et sûres
• Garantir le fonctionnement stable des chaînes d'approvisionnement mondiales dans des secteurs clés
• Permettre aux démocraties de garder une longueur d'avance dans les technologies d'avenir comme l'IA

Les semiconducteurs, nerf de la guerre technologique

Si Taïwan insiste particulièrement sur la coopération dans le domaine des semiconducteurs, c'est que l'île est un acteur absolument incontournable dans ce secteur. Le pays abrite notamment le géant TSMC, numéro un mondial de la fonderie de puces et fournisseur crucial pour de nombreuses industries comme l'automobile, l'électronique grand public ou encore les équipements de télécommunication.

Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de course à la suprématie technologique, sécuriser l'approvisionnement en semiconducteurs est devenu un enjeu majeur pour les pays occidentaux. Un partenariat approfondi avec Taïwan représenterait à ce titre une avancée stratégique pour l'Europe.

L'intelligence artificielle, autre priorité du partenariat

Au-delà des puces, Taïwan et l'UE souhaitent aussi unir leurs forces sur le front de l'intelligence artificielle. Taïwan dispose en effet d'un écosystème très dynamique dans ce domaine, avec de nombreuses startups prometteuses et des géants technologiques très avancés comme Foxconn (Hon Hai).

Côté européen, la Commission a fait de l'IA une priorité absolue ces dernières années, avec des investissements massifs et un cadre réglementaire en cours d'élaboration (AI Act). Une coopération poussée avec Taïwan permettrait donc de cross-fertiliser les expertises et d'accélérer les progrès dans un domaine aussi important que l'IA.

Un signal fort envoyé à la Chine

Au-delà des aspects technologiques et économiques, l'appel de Taïwan à un partenariat renforcé avec l'UE revêt aussi une dimension géopolitique. Face aux ambitions de plus en plus affirmées de la Chine, qui considère l'île comme une province renégate, Taïwan cherche à se rapprocher de partenaires partageant ses valeurs démocratiques.

Comme le souligne Lai Ching-te, l'enjeu est de constituer un front uni des démocraties face aux menaces autoritaires :

Les démocraties doivent travailler main dans la main pour défendre notre mode de vie et les valeurs que nous chérissons. Et dans le monde d'aujourd'hui, cela passe aussi par la maîtrise des technologies clés comme les semiconducteurs et l'IA.

– Lai Ching-te, Président de Taïwan

Reste à voir comment l'Union Européenne répondra à cette main tendue. Si les dirigeants européens se sont pour l'instant montrés plutôt prudents, beaucoup d'experts estiment qu'un tel partenariat sera incontournable à terme, au vu des immenses enjeux en présence. Les prochains mois seront donc décisifs pour façonner l'avenir de la coopération technologique entre l'UE et Taïwan, et plus largement l'équilibre des forces au niveau mondial.