Microsoft Dévoile une Nouvelle Puce DPU et HSM pour le Cloud Azure
Le marché du cloud computing est plus compétitif que jamais, et les géants du secteur rivalisent d'ingéniosité pour proposer des solutions toujours plus performantes et sécurisées à leurs clients entreprises. Microsoft vient de dévoiler deux nouvelles puces maison dédiées à son cloud Azure, visant à accélérer les charges de travail de données tout en renforçant la protection des informations sensibles.
Le DPU Azure Boost pour doper le stockage et le réseau
La première innovation est le DPU Azure Boost, la toute première unité de traitement de données (DPU) conçue par Microsoft. Ce type de puce est de plus en plus prisé par les fournisseurs de cloud, car il permet de décharger certaines tâches de gestion du trafic réseau et de stockage des processeurs principaux, libérant ainsi des ressources pour les applications.
Selon Microsoft, le DPU Azure Boost permettrait d'atteindre « une efficacité énergétique inégalée pour les charges de travail axées sur les données ». Les futurs serveurs Azure équipés de cette puce pourraient exécuter les workloads de stockage avec 4 fois plus de performances tout en consommant 3 fois moins d'énergie par rapport aux serveurs actuels.
Conçu pour les charges de travail Azure composables et évolutives, le DPU Azure Boost offre une efficacité dans le stockage, le réseau, l'accélération et plus encore pour son infrastructure cloud.
– Microsoft
Cette puce semble tirer ses origines de Fungible, une start-up spécialisée dans les DPU rachetée par Microsoft en décembre dernier pour près de 190 millions de dollars. Après des mois d'intégration, l'équipe et la technologie de Fungible portent leurs fruits au cœur de l'infrastructure Azure.
Un marché des DPU en plein essor
Microsoft n'est pas le seul à miser sur les DPU pour optimiser ses datacenters. Les autres géants du cloud computing ont aussi développé leurs propres puces dédiées :
- Nvidia propose sa gamme BlueField depuis 2019
- AMD commercialise ses DPU Pensando depuis 2022
- Les Nitro cards d'AWS offrent des fonctionnalités similaires
- Google travaille avec Intel sur des puces remplissant le même rôle
Ces solutions visent à répondre aux besoins croissants en performance et efficacité des datacenters hyperscale, qui hébergent des charges de travail et applications toujours plus gourmandes, notamment en intelligence artificielle. Selon Allied Analytics, le marché des DPU pourrait peser 5,5 milliards de dollars en 2031.
Une vision composable du datacenter avec CPU, GPU et DPU
Jensen Huang, le PDG de Nvidia, est convaincu que « les CPU, GPU et DPU formeront les fondations des datacenters du futur ». Dans sa vision :
- Les CPU gèreront le traitement général
- Les GPU propulseront le calcul accéléré
- Les DPU orchestreront les flux de données
Microsoft semble partager cette approche composable des infrastructures, où chaque type de puce joue un rôle spécifique et complémentaire pour adresser au mieux l'hétérogénéité des workloads.
Azure Integrated HSM : un module de sécurité dédié pour protéger les clés de chiffrement
Outre le DPU Azure Boost, Microsoft a aussi dévoilé une seconde puce maison : le module de sécurité matériel Azure Integrated HSM. Il s'agit d'une puce de sécurité cloud permettant de contenir les clés de signature et de chiffrement dans un module inviolable, « sans compromettre les performances ni augmenter la latence » selon Microsoft.
Ce module HSM sera déployé dans chaque nouveau serveur des datacenters Microsoft dès 2024, afin de « renforcer la protection de l'ensemble du parc matériel Azure, pour les charges de travail confidentielles et génériques ». Il s'agit de la deuxième puce de sécurité de la firme après Pluton, destinée aux PC.
Là encore, Microsoft emboîte le pas à ses concurrents sur le marché du cloud, qui ont tous développé leurs propres solutions de sécurité matérielle :
- Les puces Nitro d'AWS intègrent certaines fonctions de sécurité
- Les serveurs Google Cloud embarquent une puce Titan
Dans un paysage de menaces en rapide évolution, la sécurité doit être une priorité absolue. Les nouvelles méthodes d'attaque remettent en question notre posture de sécurité, nous poussant à repenser la façon dont la communauté mondiale de la sécurité défend les organisations.
– Vasu Jakkal, Microsoft CVP of Security
Après plusieurs incidents de sécurité très médiatisés, le PDG de Microsoft Satya Nadella a déclaré que la sécurité était désormais la priorité numéro un de l'entreprise. Azure Integrated HSM concrétise cette volonté de renforcer la protection des données et applications dans le cloud.
Une sécurité matérielle nécessaire mais pas suffisante
Si le silicium dédié peut améliorer la sécurité, il ne constitue pas une panacée. Des chercheurs ont ainsi découvert en 2020 une faille « non corrigible » dans la puce T2 d'Apple, qui pourrait exposer les Mac aux menaces mêmes que la puce était censée prévenir.
Microsoft n'a pas donné de détails sur les tests de vulnérabilité menés sur son Azure Integrated HSM, mais on peut espérer que la firme communiquera à ce sujet à l'approche du lancement. Une sécurité de bout en bout nécessitera de combiner matériel et logiciel, silicon et bonnes pratiques.
Microsoft muscle son cloud souverain Azure
Outre la performance et la sécurité, ces puces maison ouvrent aussi la voie à plus de souveraineté pour Microsoft et ses clients. En concevant ses propres composants critiques comme les DPU et HSM, le géant de Redmond réduit sa dépendance à des fournisseurs tiers.
Cela pourrait faciliter le déploiement de clouds souverains Azure dans différents pays, en conformité avec les réglementations locales sur les données. Microsoft propose déjà des offres de ce type en partenariat avec Orange en France ou Thales en Allemagne.
Avec des datacenters « 100% Microsoft » du silicium aux applications en passant par le système d'exploitation, la firme disposerait de plus de contrôle et de flexibilité pour adresser les enjeux de souveraineté numérique, un sujet de plus en plus central pour les entreprises et institutions.
Accélération, sécurisation, localisation : en dévoilant ses nouvelles puces pour Azure, Microsoft affiche de grandes ambitions dans la course au cloud. Reste à voir quand les clients pourront bénéficier concrètement de ces innovations, et si les performances seront au rendez-vous face à une concurrence affûtée. La bataille du cloud computing ne fait que commencer, et elle se jouera aussi dans le silicium.