Le Verrier Saverglass Subit les Contrecoups Économiques Mondiaux
Dans l'Oise, à Feuquières, l'atmosphère est électrique chez Saverglass. Ce fleuron de l'industrie française, spécialisé dans la fabrication de bouteilles et carafes haut de gamme pour les alcools de luxe, fait face à une tempête économique d'une rare violence. Pris en étau entre la flambée des coûts et la chute brutale de ses débouchés, le leader mondial du flaconnage de prestige voit son horizon s'assombrir.
Un marché en berne, victime des tensions géopolitiques
Saverglass subit de plein fouet les conséquences des récentes tensions internationales. La Chine, en représailles aux sanctions européennes sur l'automobile, a drastiquement augmenté les droits de douane sur les alcools. Un coup dur pour le verrier français, qui réalise une part importante de son chiffre d'affaires à l'export. Et les perspectives ne sont guère plus réjouissantes outre-Atlantique : l'élection de Donald Trump laisse craindre un durcissement des relations commerciales avec les États-Unis.
Résultat, les deux principaux marchés à l'export des produits de luxe "made in France" se trouvent menacés à court terme. Un scénario catastrophe pour Saverglass, qui a vu son carnet de commandes fondre comme neige au soleil. Après une longue période de chômage partiel, le groupe a tenté, en vain, de négocier une baisse temporaire des salaires pour éviter de nouveaux licenciements.
Bras de fer social et expertise indépendante
Mais les syndicats restent inflexibles face aux propositions de la direction. Pour Fabrice Godeby, représentant CGT, « il n'y a pas le feu dans l'entreprise » et « la direction ne veut pas baisser ses marges ». Afin d'y voir plus clair, le cabinet Syndex, spécialisé dans l'expertise auprès des représentants des salariés, a été mandaté. Sa mission : réaliser un état des lieux chiffré et objectif de la situation du leader mondial des arts de la table.
Car Saverglass, malgré les difficultés, reste un acteur de premier plan. Créé en 1897, le groupe a été repris et redressé en 1984 par Loïc Gromard, lui évitant la faillite. Depuis, il n'a cessé de se développer, s'imposant comme la référence mondiale des bouteilles et carafes ultra-prestigieuses. Avec six sites de production et un chiffre d'affaires de près de 800 millions d'euros, le verrier peut s'appuyer sur des fondamentaux solides pour affronter la crise.
Un avenir en pointillés
Mais l'horizon à court terme s'annonce maussade. Confronté à un effet ciseau dévastateur entre hausse des coûts et chute des commandes, Saverglass va devoir s'adapter dans la douleur. Son récent rachat par le fonds d'investissement australien Ororoa ajoute une dose d'incertitude supplémentaire. Les prochains mois s'annoncent décisifs pour l'avenir de ce joyau industriel français.
Une chose est sûre : la crise que traverse actuellement Saverglass est emblématique des défis auxquels sont confrontés de nombreux fleurons industriels européens. Entre tensions géopolitiques, ralentissement économique mondial et revolution des modes de consommation, l'industrie du luxe devra faire preuve de résilience et de créativité pour surmonter les turbulences. L'avenir du « made in France » en dépend.