Moitié des entreprises étrangères réduisent leurs investissements en France
La France peut-elle rester la championne européenne de l'attractivité ? C'est la question qui se pose alors que près de la moitié des investisseurs étrangers implantés en France ont revu leurs plans d'investissements à la baisse depuis juin dernier, selon une enquête menée par le cabinet EY en octobre. Dans un contexte économique européen morose, marqué par des incertitudes politiques et un ralentissement de la demande, les entreprises étrangères font preuve de prudence sur leurs projets en France.
L'attractivité française fragilisée mais pas effondrée
Si 49% des investisseurs étrangers en France ont diminué leurs investissements prévus, aucun projet n'a pour l'instant été annulé. L'écrasante majorité (84%) pense d'ailleurs reprendre les projets mis en pause dès 2025. L'image de la France ne s'est donc pas totalement retournée aux yeux des décideurs internationaux :
- L'Allemagne apparaît comme encore plus fragilisée que la France en termes d'attractivité
- Le Royaume-Uni redevient un concurrent sérieux mais ne détrône pas complètement la France
- Les atouts français (R&D, industrie, talents) restent des fondamentaux solides
Néanmoins, les débats autour du budget 2024 et la crainte d'une pression fiscale accrue pour les entreprises inquiètent les investisseurs étrangers. Au-delà des enjeux politiques français, c'est surtout le contexte économique européen qui les incite à la prudence, notamment sur les projets industriels.
Des conséquences pour la réindustrialisation française
Le coup de frein sur les investissements étrangers pourrait en effet fragiliser le mouvement de réindustrialisation amorcé ces dernières années en France. En 2023, les entreprises étrangères avaient annoncé 530 projets de sites de production sur le territoire, représentant près de 20 000 emplois. Aujourd'hui, seuls 49% des investisseurs étrangers prévoient d'implanter des usines en France dans les 3 prochaines années.
Il y a une préoccupation en particulier sur l'industrie. Les projets d'implantation de centres de R&D résistent mieux.
Marc Lhermitte, associé chez EY
Cette prudence n'est pas propre aux entreprises étrangères. Les PME-TPE françaises ont aussi réduit leurs investissements en 2024 et plusieurs grands projets industriels sont suspendus (batteries, recyclage plastique...). Mais la France ne peut pas se passer de l'apport des investisseurs internationaux pour renforcer son tissu productif.
L'enjeu du prochain sommet "Choose France"
Pour convaincre à nouveau les entreprises étrangères, le gouvernement mise beaucoup sur la prochaine édition du sommet "Choose France", grand raout de l'attractivité française initié par Emmanuel Macron. Mais rééditer le record de 15 milliards d'euros d'investissements collectés en mai dernier sera un défi.
La concurrence s'annonce rude, notamment avec le Royaume-Uni qui a organisé un événement similaire mi-octobre pour séduire les grands patrons étrangers. Le contexte économique et politique en France, s'il se dégrade, pourrait aussi refroidir les ardeurs des investisseurs les plus frileux. L'enjeu est donc de taille pour restaurer la confiance des entreprises étrangères, essentielles à la dynamique économique et industrielle française.