Neuralink de Musk reçoit l’approbation pour un essai clinique au Canada
Les interfaces cerveau-ordinateur semblent tout droit sorties de la science-fiction, mais elles se rapprochent peu à peu de la réalité clinique. Neuralink, la start-up d'Elon Musk dédiée à cette technologie, vient de franchir une étape importante en obtenant le feu vert de Santé Canada pour lancer un essai médical sur des patients au pays. Une première pour l'entreprise en dehors des États-Unis.
Un implant pour redonner le contrôle aux paralysés
L'essai clinique canadien, nommé CAN-PRIME, cherche à évaluer la sécurité et l'efficacité de l'implant cérébral sans fil de Neuralink. Selon la société, ce dispositif implanté chirurgicalement dans les zones motrices du cerveau peut interpréter les signaux cérébraux et permettre aux patients de contrôler un ordinateur ou un smartphone par la pensée.
La chirurgie d'implantation sera réalisée exclusivement au Toronto Western Hospital par une équipe multidisciplinaire de neurochirurgiens, neuroscientifiques et experts médicaux. L'étude, qui s'étendra sur quatre ans, recrute actuellement des personnes ayant une capacité limitée ou nulle à utiliser leurs deux mains en raison d'une lésion de la moelle épinière cervicale ou de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi appelée maladie de Charcot.
Un espoir pour les patients, des défis à relever
Le Dr Andres Lozano, chercheur principal de CAN-PRIME, estime que cette chirurgie innovante "a le potentiel de transformer et d'améliorer les résultats pour les patients qui avaient auparavant des options limitées". Les interfaces cerveau-machine pourraient en effet redonner une forme d'indépendance à ceux qui ont perdu l'usage de leurs membres.
Aux États-Unis, le premier patient de Neuralink, Noland Arbaugh, a rapporté des expériences positives, l'implant lui permettant de jouer à des jeux comme les échecs sur ordinateur. Il a cependant connu un revers plus tôt cette année lorsque les fils du dispositif se sont rétractés de manière inattendue, entraînant une perte de données. Neuralink affirme avoir remédié à ce problème pour son deuxième patient.
De la recherche à la vie réelle
Malgré ces progrès enthousiasmants, le chemin est encore long avant que les implants cérébraux ne deviennent une réalité clinique à grande échelle. Les essais devront démontrer leur innocuité à long terme et leur efficacité durable chez un plus grand nombre de patients. Des questions éthiques se posent également sur les critères d'éligibilité, l'accessibilité et les potentielles utilisations non médicales.
Neuralink n'est pas la seule à explorer cette voie. Des entreprises comme Synchron et Blackrock Neurotech développent des approches moins invasives ou ciblant d'autres pathologies neurologiques. La recherche académique avance aussi, avec par exemple des singes capables de jouer à Pong par la pensée. Mais passer de la démonstration de laboratoire à un dispositif médical sûr, fiable et abordable demandera encore beaucoup de travail.
L'arrivée de Neuralink au Canada marque néanmoins une étape importante, ouvrant la voie à une meilleure compréhension de cette technologie et de ses bénéfices potentiels pour les patients. Si les promesses se concrétisent, les interfaces neuronales pourraient bien bouleverser la prise en charge des handicaps moteurs dans les années à venir. Tout en soulevant de profondes interrogations sur notre rapport au cerveau et aux machines.
