G20 : Un Traité Ambitieux pour Lutter Contre la Pollution Plastique
C'est un signal fort envoyé par les vingt pays les plus industrialisés de la planète. Lors du récent sommet du G20 qui s'est tenu au Brésil les 18 et 19 novembre 2024, les dirigeants se sont dits « déterminés à mettre fin à la pollution plastique » et se sont engagés à conclure d'ici la fin de l'année 2024 les négociations en cours pour un traité international juridiquement contraignant sur le sujet.
Vers un instrument ambitieux et global
Dans leur communiqué final, les pays du G20 affichent leur volonté d'aboutir à un instrument « ambitieux, équitable et transparent » fondé sur une approche globale conforme au mandat fixé par l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement. Un élément important car certains pays, notamment producteurs de plastique, restent réticents à un accord trop contraignant.
Si le texte ne fixe pas d'objectif chiffré en termes de réduction de la production de plastique au niveau mondial, il ouvre la voie à des négociations qui s'annoncent décisives. Plusieurs ONG et associations environnementales, comme Zero Waste France, No Plastic In My Sea ou Surfrider Foundation, appellent la France et l'Europe à défendre un objectif ambitieux.
Nous demandons un objectif de réduction de la production de plastiques vierges de 75% d'ici 2050, aligné sur l'Accord de Paris sur le climat.
Laura Châtel, Zero Waste France
Dernière ligne droite des négociations
La dernière session de négociation du Comité intergouvernemental (CIN-5) débute ce lundi 24 novembre à Busan en Corée du Sud. L'enjeu principal sera de s'accorder sur des objectifs contraignants de réduction de la production.
Lors de la précédente session en avril dernier à Ottawa, le Rwanda et le Pérou avaient proposé un objectif de -40% d'ici 2040 par rapport à 2025. Mais il est loin de faire consensus, certains pays refusant tout objectif quantifié. Selon une récente étude, il ne permettrait de toute façon pas d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.
Les points clés en discussion
Au-delà de l'objectif global de réduction, plusieurs points cruciaux seront sur la table des négociations :
- Un mécanisme de suivi et de reporting pour vérifier la mise en œuvre des engagements par les pays.
- Des mesures pour lutter contre la pollution plastique en amont (éco-conception, interdiction de certains produits, etc) et en aval (gestion des déchets, recyclage).
- Un volet sur le financement et le soutien aux pays en développement pour mettre en place des politiques de réduction et de gestion des déchets plastiques.
Quel impact pour l'économie et l'industrie ?
Si un traité ambitieux est adopté, il aura un impact significatif sur toute la chaîne de valeur du plastique, de la production pétrochimique à la gestion des déchets, en passant par la plasturgie et l'agroalimentaire notamment.
Cela impliquera des changements importants en termes de :
- Matériaux utilisés (recyclés, alternatifs)
- Éco-conception des produits
- Méthodes de production
- Collecte, tri et recyclage des déchets
Mais c'est aussi une formidable opportunité pour développer une économie circulaire du plastique, créatrice d'emplois et de valeur. Déjà, de nombreuses entreprises innovantes se positionnent sur ce créneau d'avenir.
L'échéance de 2024 approche à grands pas. Les prochaines négociations à Busan seront décisives pour savoir si le monde est prêt à relever le défi d'un traité ambitieux et historique contre la pollution plastique. Les entreprises, tout comme les citoyens, seront très attentives au résultat. L'avenir de la planète bleue en dépend.