Boiron se restructure face au déremboursement de l’homéopathie
Le géant français de l'homéopathie vacille. Pris dans la tourmente depuis la décision des autorités de santé de ne plus rembourser les traitements homéopathiques, le laboratoire Boiron vient d'annoncer un nouveau plan de restructuration. Pas moins de 145 postes sont menacés, signe que l'entreprise familiale peine à retrouver son équilibre dans un marché bouleversé.
Le déremboursement, un coup dur pour Boiron
Fin 2021, l'homéopathie, qui était jusqu'alors remboursée à 65% par la Sécurité Sociale, a vu sa prise en charge totalement supprimée. Une décision motivée par l'absence de preuves scientifiques de son efficacité. Pour Boiron, leader mondial du secteur, c'est un véritable séisme.
En l'espace de 5 ans, les volumes de ventes ont été divisés par trois, entraînant plus de 100 millions d'euros de manque à gagner. Un premier plan social avait déjà conduit à la suppression de 500 postes et à la cession d'une usine en 2021.
145 postes supprimés, essentiellement dans les fonctions support
Cette fois, ce sont 145 postes qui passent à la trappe, dont 117 postes actuellement pourvus. Les usines de production de Messimy (Rhône) et Montévrain (Seine-et-Marne) sont épargnées. L'essentiel des coupes se concentre sur les fonctions administratives et la préparation des traitements sur-mesure.
Quatre établissements de préparation et distribution (Clermont-Ferrand, Dijon, Reims, Sophia-Antipolis) seront fermés. La préparation des traitements individualisés sera regroupée sur 4 sites au lieu de 8. Des postes seront aussi supprimés dans la distribution et la visite médicale.
Ce plan n'est pas une surprise, mais on estime qu'il est très dommageable d'entamer notre capacité de préparation sur mesure.
Alain Cohard, représentant syndical CFE-CGC
Tentatives de diversification dans la cosmétique et le CBD
Pour amortir le choc du déremboursement, Boiron a tenté de se diversifier, notamment dans les cosmétiques et les produits à base de CBD. Mais cela n'a pas suffi à compenser la chute des ventes de tubes et dosettes homéopathiques.
Le groupe, qui emploie plus de 2500 personnes en France, entend "privilégier les départs volontaires et les mesures d'âge" pour limiter l'impact social. Des négociations avec les organisations syndicales doivent s'ouvrir début décembre.
Quel avenir pour l'homéopathie et pour Boiron ?
Si elle garde des adeptes, l'homéopathie peine aujourd'hui à prouver son efficacité selon les standards scientifiques. Le déremboursement a porté un coup sévère au marché. Pour un acteur comme Boiron, qui réalisait l'essentiel de ses revenus en France, l'équation est compliquée.
Le groupe va devoir accélérer sa mue vers d'autres segments, à l'international, tout en préservant son savoir-faire. Un défi de taille pour cette entreprise nonagénaire, fleuron de l'industrie pharmaceutique française. L'avenir nous dira si l'homéopathie et son leader historique parviendront à se réinventer.