Eastman Recycle Chimiquement les Plastiques en Normandie
Le géant américain de la chimie Eastman envisage de ralentir le développement de son ambitieux projet d'usine de recyclage chimique de plastiques PET en Normandie. Alors que tout semblait prêt pour un investissement colossal de plus d'1 milliard d'euros, des changements dans la réglementation européenne remettent en question le modèle économique initialement prévu. Une situation qui pourrait bien sonner le glas de ce qui s'annonçait comme le plus grand projet actuel de l'industrie chimique en France, centré sur l'économie circulaire.
Eastman freine son mégaprojet normand de recyclage du PET
Malgré un calendrier respecté et des avancées encourageantes, Eastman a pris la décision de ralentir son projet d'usine de recyclage chimique à Port-Jérôme en Seine-Maritime. Selon Eric Dehouck, directeur général France, le groupe est pourtant totalement engagé avec un terrain sécurisé, les permis obtenus et 70% des contrats d'approvisionnement en déchets plastiques signés. Mais pas question de démarrer la construction sans avoir sécurisé des engagements clients sur des volumes minimums.
Des tergiversations réglementaires européennes en cause
Ce blocage sur la sécurisation des ventes proviendrait des atermoiements de l'Union Européenne concernant les futures règles liées au réemploi et à l'incorporation de plastique recyclé. Jusqu'en 2023, le projet de régulation sur les emballages (PPWR) imposait que les plastiques recyclés proviennent de déchets de l'UE. Mais début 2024, Bruxelles a ouvert la voie aux importations, créant un environnement concurrentiel déséquilibré selon Eastman.
Si l'on permet ces importations, qui proviennent de marchés n'ayant pas les mêmes règles de qualité, de collecte, de tri, de traitement, on n'a plus le modèle économique envisagé. C'est un non-sens économique, écologique, social et sanitaire.
Eric Dehouck, DG Eastman France
Des projets de recyclage des plastiques compromis en Europe
Cette situation serait une épine dans le pied de la vingtaine de projets de recyclage chimique et mécanique des plastiques dans l'UE. De nombreux acteurs repoussent ou annulent, les conditions de marché ayant totalement changé. Les marques qui devront intégrer des matières recyclées attendent une clarification réglementaire pour définir leurs politiques d'achat.
L'inflation des coûts pèse aussi sur le projet d'Eastman
Eastman reconnaît aussi des hausses de coûts pour son projet français, désormais chiffré au-delà du milliard d'euros. L'inflation mais aussi la perte de compétitivité de l'électricité française en sont les principales causes. Un facteur pesant mais ne remettant pas en cause l'implantation dans l'Hexagone.
En attendant une clarification du cadre réglementaire européen, c'est donc le statu quo pour ce projet emblématique de l'économie circulaire et de la transition écologique de l'industrie chimique. Un coup dur pour la filière, alors que le recyclage des plastiques est un enjeu environnemental et économique majeur. Espérons que les instances européennes sauront trouver rapidement un équilibre pour ne pas casser cette dynamique vertueuse.