La Chute de Northvolt : Un Coup Dur Pour l’Autonomie Européenne en Batteries
C'est un coup de tonnerre dans le petit monde des batteries électriques européennes. Northvolt, start-up suédoise en pointe dans ce domaine, vient de se déclarer en faillite, faute de trésorerie suffisante pour poursuivre son développement. Un revers cinglant pour cette jeune pousse prometteuse sur laquelle reposaient beaucoup des espoirs d'une filière batterie souveraine en Europe, face à l'hégémonie asiatique. Au-delà d'un échec industriel et entrepreneurial, cette déroute soulève des questions de fond sur la crédibilité et les moyens de l'ambition européenne dans les batteries.
Northvolt, une success-story partie en fumée
Fondée en 2016, Northvolt avait tout d'une success-story en devenir. Avec un positionnement ambitieux sur l'ensemble de la chaîne de valeur, de la fabrication des matériaux de l'anode et la cathode jusqu'au recyclage, en passant par la production des cellules, la start-up incarnait parfaitement la volonté de reconquête européenne dans le domaine stratégique du stockage électrique. Des ambitions saluées par de nombreux investisseurs de renom et clients constructeurs automobiles, séduits par ce projet d'envergure "made in Europe".
Las, la jeune pousse n'aura pas réussi à tenir ses promesses. Son usine phare en Suède, la première du genre sur le sol européen, n'a jamais atteint les cadences espérées depuis son entrée en activité en 2022. Pannes machines, process mal maîtrisés, personnel encore peu expérimenté...les difficultés de montée en cadence ont révélé l'ampleur du défi industriel. Un défi qu'une start-up, même très bien financée, peine à relever dans un marché hyperconcurrentiel dominé par des géants asiatiques aguerris.
BMW lâche Northvolt, le début de la fin
Le coup de grâce est venu en juin dernier de l'abandon par BMW, actionnaire et client clé, d'un méga-contrat de 2 milliards de dollars. Le constructeur allemand, lassé des retards de livraison, a préféré se tourner vers le coréen Samsung SDI, un acteur établi. Un camouflet terrible pour Northvolt, très dépendant de ce contrat, et plus largement un signal négatif envoyé par un grand constructeur sur la filière européenne émergente.
Les jeunes pousses du Vieux continent dans les batteries ont encore beaucoup à prouver en termes de fiabilité et compétitivité face à des concurrents asiatiques qui ont 10 ans d'avance en recherche et production.
Un expert du secteur
Un coup dur pour l'Europe de la batterie
Au-delà du cas Northvolt, c'est toute la stratégie européenne dans les batteries qui est fragilisée et remise en question par cette faillite. D'autres acteurs prometteurs comme le français Verkor ou Automotive Cells Company rencontrent aussi des difficultés à tenir leurs objectifs. Malgré de gros investissements et un soutien public fort, le Vieux Continent peine encore à combler son retard sur l'Asie, en particulier la Chine qui a pris une avance considérable dans ce domaine clé pour la mobilité électrique du futur.
Rebondir et muscler le soutien public
Loin de baisser les bras, les industriels européens de la batterie appellent désormais les États et l'Union européenne à renforcer massivement leur soutien à la filière pour accélérer son développement. Subventions, prêts, commandes publiques...toutes les pistes sont sur la table face à l'urgence. Car l'enjeu de souveraineté est immense dans ce secteur appelé à exploser avec l'essor des véhicules électriques. L'Europe peut-elle se permettre une trop forte dépendance à l'Asie sur ce maillon stratégique ? La faillite de Northvolt sonne comme un électrochoc salutaire.
- L'échec industriel et financier de Northvolt ébranle la jeune filière européenne des batteries électriques.
- Cette faillite pose la question de la compétitivité et de la crédibilité des acteurs européens face à la Chine.
- Un électrochoc qui appelle un soutien public massif et rapide pour ne pas perdre la bataille de la batterie.