Étiquettes alimentaires européennes : une jungle pour le consommateur
Qui n'a jamais été dérouté face aux multiples logos, allégations et informations nutritionnelles figurant sur les emballages alimentaires ? Loin d'apporter la clarté espérée, les étiquettes sèment souvent la confusion chez les 450 millions de consommateurs européens. C'est ce que révèle un rapport accablant de la Cour des comptes européenne publié le 25 novembre dernier.
Des règles lacunaires et des informations trompeuses
Le cadre législatif européen sur l'information des consommateurs présente de sérieuses lacunes selon les auditeurs. Les règles n'évoluent pas aussi vite que le marché, laissant la porte ouverte à des messages trompeurs. Par exemple :
- Des allégations nutritionnelles sur des produits riches en graisses, sucres ou sel (ex : "riche en protéines" pour une barre chocolatée)
- Des allégations de santé non réglementées ni étayées scientifiquement
- Des systèmes d'étiquetage nutritionnel sur le devant des paquets non harmonisés (Nutri-Score, NutrInform, Keyhole...)
- Des mentions "clean label", des qualités non certifiées, du greenwashing...
L'absence d'harmonisation crée la confusion
La coexistence de multiples systèmes d'étiquetage nutritionnel en Europe, chacun avec ses spécificités, déroute plus qu'elle n'informe. La Cour préconise une harmonisation qui permettrait aux consommateurs d'identifier facilement les produits sains et ainsi de mieux prévenir les maladies liées à l'alimentation. Une piste serait l'adoption généralisée du Nutri-Score, déjà en vigueur dans plusieurs pays.
Des contrôles et sanctions défaillants
Le rapport épingle également les failles dans les contrôles, quasi-inexistants sur les informations et ventes en ligne. Et pointe du doigt l'inefficacité des sanctions :
Les amendes ne sont pas toujours dissuasives, efficaces ou proportionnées.
Cour des comptes européenne
Des appels à l'action
Le manque de volonté politique est pointé du doigt plus que le manque de compétences. L'association de consommateurs Foodwatch exhorte la Commission européenne à agir sur deux fronts :
- Mettre à jour le règlement INCO comme promis
- Encourager les États membres à adopter le Nutri-Score
Il y a urgence à rétablir la confiance et la transparence dans l'information des consommateurs. L'enjeu est de taille puisqu'il en va de la santé publique et de la loyauté des pratiques sur un marché aussi essentiel que celui de l'alimentation. L'Union européenne se doit d'agir pour ne pas continuer à flouer (même involontairement) ses 450 millions de citoyens.