L’Europe Explore la Propulsion Nucléaire pour Mars
Imaginez un voyage vers Mars en seulement six semaines au lieu des six à neuf mois habituels... C'est le pari audacieux que se lance l'Europe spatiale avec le développement d'un système de propulsion nucléaire électrique pour les missions interplanétaires ! Un consortium mené par Tractebel et comprenant ArianeGroup, Airbus Defence and Space et le CEA planche sur cette technologie de rupture pour l'Agence spatiale européenne.
RocketRoll, le projet européen de propulsion nucléaire électrique
Baptisé RocketRoll, ce projet vise à mettre au point un réacteur nucléaire compact capable de générer l'électricité nécessaire pour alimenter des moteurs ioniques. Le principe : le réacteur chauffe un gaz qui est ensuite ionisé et accéléré pour produire une poussée continue.
L'intérêt majeur est de pouvoir atteindre des vitesses bien supérieures aux propulsions classiques et de s'affranchir en partie des contraintes de fenêtres de lancement liées aux alignements planétaires. De quoi envisager des allers-retours plus fréquents vers la planète rouge.
Un réacteur d'un mètre cube pour 2035
Dans un premier temps, les ingénieurs visent un réacteur nucléaire d'environ un mètre cube délivrant une puissance inférieure à 1 mégawatt. Le combustible envisagé est de l'uranium enrichi, contrôlé par un système de barres.
L'objectif est de sortir un premier démonstrateur fonctionnel d'ici 2035 pour valider le concept et les technologies. Parmi les défis à relever :
- Garantir la sûreté nucléaire, notamment en cas d'explosion du lanceur
- Gérer les très hautes températures en l'absence de tour de refroidissement
- Assurer un fonctionnement autonome et fiable pendant des années dans l'espace
Des enjeux technologiques et d'acceptabilité
Au delà de la prouesse technologique, le projet devra aussi emporter l'adhésion du public. Le spectre d'un "Tchernobyl dans l'espace" en cas d'échec au lancement pourrait freiner les ardeurs. Les promoteurs devront rassurer sur leur capacité à sécuriser un tel système.
Nous ne démarrerions le réacteur qu'à très haute altitude afin d'être sûr d'éviter les retombées radioactives en cas d'explosion de la fusée.
Brieuc Spindler, Responsable du projet RocketRoll
Des garde-fous seront aussi nécessaires pour prévenir un détournement militaire de la technologie. Un encadrement juridique international devra être défini.
L'Europe spatiale dans la course avec les États-Unis
Avec RocketRoll, l'Europe tente de se positionner dans la course à la propulsion nucléaire spatiale, face à des projets concurrents menés notamment par la NASA aux États-Unis. L'enjeu : ne pas se laisser distancer sur les futures missions habitées vers Mars.
Le soutien politique et financier des États membres de l'ESA sera déterminant pour transformer l'essai. Le prochain conseil ministériel de l'agence spatiale en 2025 constituera un test crucial pour l'avenir du projet.
En cas de succès, cette nouvelle technologie de propulsion pourrait bien changer la donne pour l'exploration du système solaire. Avec des temps de trajet raccourcis, les missions vers Mars, les lunes de Jupiter et Saturne deviendraient plus accessibles et plus fréquentes, ouvrant un nouveau chapitre de la conquête spatiale.
Reste à voir si l'Europe parviendra à dompter l'atome pour tracer sa route vers les étoiles. RocketRoll ouvre en tout cas de nouvelles perspectives pour s'affranchir des distances et repousser les frontières du possible.