Exro Technologies Visé par Une Action Collective de Ses Actionnaires
Le monde des startups cleantech canadiennes est secoué par l'annonce d'une potentielle action collective contre Exro Technologies, une entreprise de Calgary développant des technologies de pointe pour véhicules électriques. Au cœur du litige : des projections de revenus jugées "délirantes" liées à l'acquisition de SEA Electric en début d'année.
Un actionnaire mécontent porte plainte
C'est un résident de l'Ontario, Allan Crosier, qui a déposé une déclaration auprès de la Cour du Banc du Roi de l'Alberta le 27 novembre 2024, au nom des investisseurs ayant acheté des titres d'Exro entre le 30 janvier et le 30 novembre 2024. La poursuite vise non seulement Exro, mais aussi sa PDG Sue Ozdemir, son président Rodney Copes, ainsi que les preneurs fermes des 55 millions de dollars de financement levés cette année.
Des prévisions de 200 millions qui font grincer des dents
Le point de discorde concerne les projections de revenus fournies par Exro lors de l'annonce de sa fusion à 332 millions de dollars canadiens avec SEA Electric en janvier. La société affirmait alors que l'entité combinée générerait plus de 200 millions de dollars canadiens de revenus pour l'année. Des prévisions jugées sans fondement par le plaignant.
Les défendeurs savaient ou auraient dû savoir que l'accord de fusion n'améliorerait pas les résultats des opérations d'Exro Technologies pour atteindre plus de 200 millions de dollars de revenus en 2024.
– Extrait de la déclaration du plaignant
Révision à la baisse et lourdes pertes
Début novembre, Exro a en effet revu sa projection de revenus 2024 à seulement 28 millions de dollars, soit à peine 14% des prévisions initiales. Dans le même temps, l'entreprise a enregistré une perte nette colossale de 225,95 millions de dollars canadiens pour le seul troisième trimestre, attribuée notamment à :
- Une adoption plus lente que prévu du marché des véhicules électriques
- Une réévaluation à la baisse des actifs de SEA Electric
- Des coûts d'exploitation élevés
Des prévisions pour justifier des levées de fonds ?
Selon le plaignant, ces prévisions optimistes auraient été faites dans le but de justifier deux offres publiques de titres cette année, qui ont permis à Exro de lever 55 millions de dollars. Une accusation grave, qui reste à prouver devant les tribunaux.
L'action Exro dégringole en bourse
Sans surprise, ce litige a fait plonger le cours de l'action Exro (EXRO) à la bourse de Toronto. Le titre ne valait plus que 16 cents au moment de la rédaction de cet article, en baisse de près de 90% par rapport à son pic de janvier 2024 à 1,33 dollar canadien.
Exro compte se défendre "avec vigueur"
Dans un communiqué publié le 27 novembre, Exro affirme contester les allégations et avoir l'intention de se défendre "avec vigueur" contre cette action collective. L'entreprise n'a pas souhaité commenter davantage l'affaire.
Un coup dur pour la cleantech canadienne
Au-delà du cas particulier d'Exro, ce litige met en lumière les défis auxquels font face les startups cleantech pour convaincre les marchés financiers. Dans un secteur en pleine accélération mais encore émergent, la tentation peut être grande de gonfler les projections pour attirer les investisseurs. Un jeu dangereux, comme le montre l'exemple d'Exro.
Cette action collective est un nouveau coup dur pour l'écosystème tech canadien, déjà secoué par de nombreuses controverses cette année. Reste à voir comment Exro et le secteur des véhicules électriques traverseront cette zone de turbulences. Une chose est sûre : les investisseurs seront à l'avenir plus prudents face aux belles promesses des startups cleantech.