Joco : La start-up de vélos électriques qui a su rebondir
Imaginez une start-up au bord du gouffre dès son lancement, qui parvient non seulement à se relever, mais à prospérer et devenir un acteur incontournable de son secteur. C'est l'histoire remarquable de Joco, l'entreprise new-yorkaise de vélos électriques partagés dédiés à la livraison. Retour sur le parcours semé d'embûches et le succès mérité de cette jeune pousse audacieuse.
Les débuts chaotiques de Joco
Fondée en 2021 par Jonathan Cohen de New York et Jonathan Cohen de Londres, Joco avait initialement pour ambition de concurrencer Citi Bike, le service de vélos en libre-service appartenant à Lyft. L'idée était d'installer des stations d'accueil sur des propriétés privées afin de contourner le monopole de Citi Bike et la réglementation municipale. Mais c'était sans compter sur la réaction du Département des Transports de New York, qui a rapidement poursuivi Joco en justice pour avoir opéré sans autorisation préalable.
Face à cette impasse, les fondateurs ont dû réagir promptement et réorienter leur business model. Plutôt que de cibler les consommateurs, ils ont décidé de se tourner vers la livraison du dernier kilomètre. Une décision qui s'est avérée payante.
Un service sur mesure pour les livreurs
Aujourd'hui, Joco propose des vélos électriques en location aux travailleurs indépendants, à la journée ou à la semaine. L'entreprise compte également une clientèle B2B d'une vingtaine d'acteurs de la logistique, comme Grubhub ou Reef, qui lui commandent des flottes dédiées. La start-up fournit en outre une batterie de services : gestion de flotte, maintenance, stations d'accueil, et même des cabinets de recharge pour les batteries, un vrai plus à New York où les incendies liés à des pratiques de charge dangereuses ont conduit de nombreux immeubles à bannir les deux-roues électriques.
Mais la vraie valeur ajoutée de Joco réside dans son obsession du service client. La start-up a mis en place des "concierges" où les livreurs peuvent se reposer, recharger leur téléphone, utiliser les toilettes et même prier. Un soin apporté à l'expérience utilisateur qui explique la fidélité de leur clientèle, malgré une concurrence féroce.
Quand nos clients voient ça, ils sont bluffés et en parlent autour d'eux. On fait des choses inhabituelles, auxquelles ils ne s'attendent pas.
– Jonathan Cohen, PDG de Joco
Une croissance rentable et ambitieuse
Contrairement à nombre de ses pairs qui ont levé des millions, voire des milliards, avant de péricliter, Joco a su rester frugal. Avec seulement 7,5 millions de dollars de capital-risque, la start-up est parvenue à dégager des bénéfices nets, en misant sur l'externalisation et les employés fractionnés. Une prouesse dans un secteur où les marges sont traditionnellement faibles en raison des lourds investissements en équipement.
Forts de ce succès, les fondateurs visent maintenant une expansion ambitieuse :
- Passer de 3 000 à 10 000 vélos en libre-service d'ici fin 2025
- Déployer de nouvelles stations à Brooklyn et Queens
- Installer 1 000 cabinets de recharge dans les immeubles
- Doubler le nombre de clients B2B
- Élargir la flotte avec des vélos cargo à quatre roues
Un développement qui sera financé par la trésorerie existante et potentiellement par de la dette, sans recourir à une nouvelle levée de fonds. De quoi permettre à Joco de s'imposer durablement dans le paysage de la mobilité new-yorkaise, portée par la future taxe anti-embouteillage et la prise de conscience écologique. La success story ne fait que commencer !