Les investisseurs en technologie climatique optimistes malgré Trump
Pensez-vous que la réélection de Donald Trump sonnera le glas des technologies climatiques aux États-Unis pour les quatre prochaines années ? Détrompez-vous ! De nombreux investisseurs spécialisés dans ce secteur restent étonnamment optimistes malgré les positions climato-sceptiques affichées par le président pendant sa campagne. Retour sur les raisons de cet optimisme et les opportunités qui pourraient même émerger sous ce nouveau mandat trumpiste. Trump, grand pourfendeur de l'éolien mais allié potentiel du sous-sol
Si Donald Trump n'a pas caché son aversion pour les éoliennes durant la campagne, allant jusqu'à scander "Drill Baby Drill" (Forez, mes bébés, forez), certaines de ses propositions pourraient en réalité profiter à des pans entiers du secteur des technologies climatiques de manière inattendue. C'est l'avis de Leonardo Banchik, directeur des investissements chez Voyager Ventures :
« Si vous dérégulez et laissez forer à tout va, vous pouvez obtenir plus de gaz naturel et de pétrole. Mais vous pouvez aussi exploiter la chaleur géothermique ou potentiellement l'hydrogène géologique. »
– Leonardo Banchik, Voyager Ventures
Ainsi, les changements de politique envisagés par la nouvelle administration Trump ne seraient pas forcément néfastes pour l'ensemble des technologies climatiques, loin de là.
Les leçons de la crise des cleantech il y a 10 ans
L'optimisme des investisseurs puise aussi sa source dans les leçons tirées de la débâcle des cleantech survenue il y a plus d'une décennie. À l'époque, de nombreuses entreprises avaient grandi trop vite, construisant des usines et des chaînes d'approvisionnement massives avant que la demande ne se matérialise réellement. Elles étaient aussi devenues trop dépendantes des subventions gouvernementales.
« Nous n'investissons que dans des entreprises qui apportent une valeur concrète à leurs clients, indépendamment du climat », souligne Sophie Bakalar, partenaire chez Collab Fund. Son confrère Joshua Posamentier de Congruent Ventures abonde : « Nous n'investissons dans rien qui nécessitera des subventions éternellement pour avoir une quelconque rentabilité. »
Tri salutaire et signaux plus clairs des clients
Cela ne signifie pas pour autant que toutes les entreprises traverseront cette période sans encombre. Celles qui dépendent trop des crédits d'impôt pour les consommateurs seront vulnérables. L'éolien, bête noire de Trump, devrait aussi souffrir. Mais pour Shaun Abrahamson de Third Sphere, ce contexte moins favorable au climat pourrait clarifier les discussions avec les clients potentiels en réduisant l'écart entre le discours public des entreprises et la réalité des arbitrages financiers.
Forage, nucléaire et géothermie, grands gagnants ?
À l'inverse, tout ce qui touche au forage, comme la géothermie ou l'hydrogène géologique, surfera probablement sur les politiques favorables aux hydrocarbures. Les startups liées au réseau électrique devraient aussi bénéficier des réformes d'autorisation proposées.
Les producteurs d'électricité ont également une carte à jouer. L'essor fulgurant de l'IA contraint les entreprises à étendre rapidement leurs infrastructures, au point que près de la moitié des nouveaux datacenters d'IA pourraient manquer de puissance d'ici 2027. Les startups développant des petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) comme Kairos ou X-Energy, déjà partenaires de Google et Amazon, et les entreprises géothermiques comme Fervo Energy ou Sage Geosystems en lice avec Google et Meta, devraient tirer leur épingle du jeu.
Elles pourraient trouver un allié en Chris Wright, pressenti comme futur secrétaire à l'Énergie de Trump. Membre du conseil d'administration d'Oklo, une startup SMR, ce magnat du pétrole n'est « ni anti ni pro-climat », selon Joshua Posamentier qui l'a cotoyé: « C'est juste un type qui dit 'Faites ce qui est économique'. » Pragmatisme qui pourrait servir la cause des technologies climatiques, envers et contre tout.