Le départ surprise de Carlos Tavares, PDG de Stellantis
C'est un séisme qui vient de frapper le monde automobile. Carlos Tavares, l'homme fort de Stellantis, le géant né en 2021 de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, a présenté sa démission ce dimanche 1er décembre. Un départ en accéléré, avec effet immédiat, qui soulève de nombreuses questions sur l'avenir du 4ème constructeur mondial.
La fin d'une success story à l'américaine
Depuis son arrivée à la tête de PSA en 2014, Carlos Tavares avait réussi le tour de force de redresser brillamment le groupe au lion, au bord de la faillite. Son plan de bataille "Back in the Race" visait un retour rapide dans le vert, et il a tenu ses promesses. Expansions, nouveaux modèles, alliances internationales... En quelques années, l'homme orchestre a fait de PSA une machine à cash, dopée par le rachat d'Opel en 2017.
Fort de ses succès, Carlos Tavares orchestre en 2021 la fusion avec Fiat Chrysler pour donner naissance à Stellantis et ses 14 marques (Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, Jeep, Alfa Romeo...). Un nouveau mastodonte mondial de l'automobile qui semblait taillé pour les défis de demain : électrification, conduite autonome, digitalisation... Pourtant, le conte de fée a tourné court.
Des résultats 2024 en berne
Premier accroc en octobre dernier. Stellantis publie un avertissement sur résultats et doit abandonner son objectif de marge opérationnelle à deux chiffres. Le groupe souffre notamment sur son marché clé nord-américain (45% des ventes). Carlos Tavares avait réussi à sauver son poste in extremis, mais le début de la fin était enclenché.
Le succès de Stellantis repose sur un alignement parfait entre actionnaires, conseil d'administration et CEO. Des divergences de vues sont apparues ces dernières semaines.
Henri de Castries, administrateur référent de Stellantis
Au sein du groupe, certains évoquent aussi le management très dur de Carlos Tavares, avec un turn-over important et des objectifs de performance extrêmement élevés. Des critiques particulièrement vives outre-Atlantique. De quoi précipiter le divorce entre le dirigeant et son conseil d'administration.
Qui pour succéder à Carlos Tavares ?
Dans l'immédiat, c'est John Elkann, président du conseil d'administration et homme fort de la famille Agnelli (1er actionnaire avec 14,2% du capital) qui assure l'intérim. Le processus de désignation d'un nouveau directeur général est lancé, pour une nomination au 1er semestre 2025.
Parmi les noms qui circulent, on retrouve des profils internes comme Michael Manley (responsable des Amériques) ou Richard Palmer (directeur financier). Mais Stellantis pourrait aussi être tenté par un recrutement externe pour insuffler un nouvel élan.
Une chose est sûre : le futur patron aura fort à faire pour remettre Stellantis sur de bons rails. Entre transition énergétique, révolution technologique et concurrence exacerbée, le défi s'annonce immense. Carlos Tavares laisse un grand vide et une feuille de route encore incertaine.