LinkedIn suspend l’entraînement de l’IA avec les données canadiennes
Le monde de l'intelligence artificielle est en pleine ébullition, mais il soulève également de nombreuses questions quant à la protection de nos données personnelles. C'est dans ce contexte que le Commissaire à la protection de la vie privée du Canada, Philippe Dufresne, vient d'annoncer une décision importante concernant le géant des réseaux professionnels LinkedIn.
LinkedIn accepte de suspendre l'entraînement de l'IA avec les données des Canadiens
Suite à des reportages révélant que LinkedIn avait commencé à utiliser les données de ses utilisateurs pour entraîner des modèles d'intelligence artificielle générative sans modifier ses conditions d'utilisation, le Commissaire Dufresne est entré en contact avec l'entreprise. Il souhaitait obtenir des informations sur ses pratiques d'entraînement de l'IA ainsi que sur la manière dont elle obtient le consentement de ses membres.
En réponse, LinkedIn a informé le Commissariat qu'il avait volontairement mis en pause cette pratique le temps de répondre aux interrogations soulevées. Bien que le réseau social estime avoir mis en place un modèle d'IA respectueux de la vie privée, il a accepté d'engager des discussions pour s'assurer que ses pratiques sont conformes aux lois canadiennes sur la protection des données personnelles.
Je salue la décision de LinkedIn de suspendre l'utilisation des informations personnelles de ses membres canadiens pour entraîner des modèles d'IA pendant que nous travaillons avec eux pour obtenir des réponses à nos questions.
Philippe Dufresne, Commissaire à la protection de la vie privée du Canada
La question du consentement des utilisateurs
Au cœur du débat se trouve la question épineuse du consentement des utilisateurs quant à l'exploitation de leurs données personnelles. Même lorsque ces données sont publiquement accessibles, comme c'est souvent le cas sur les réseaux sociaux, elles restent soumises aux lois sur la protection de la vie privée et doivent être adéquatement protégées.
Bien que LinkedIn ait depuis mis à jour ses conditions d'utilisation pour inclure l'entraînement de l'IA, offrant une option de retrait aux utilisateurs, cela n'affecte pas rétroactivement les enseignements déjà réalisés à partir de leurs données.
Un enjeu majeur à l'ère de l'IA
Le Commissaire Dufresne avait déjà souligné l'importance de cet enjeu lors d'un sommet sur l'IA organisé par le Bureau de la concurrence en septembre dernier. Il avait alors défendu le processus parlementaire entourant le projet de loi C-27 et sa disposition sur la Loi sur l'intelligence artificielle et les données (LIAD), espérant qu'il recevrait toute l'attention nécessaire.
Selon lui, même en l'absence d'une loi spécifique, l'IA n'évolue pas dans un vide juridique. Les organisations qui conçoivent des systèmes d'IA doivent justifier leurs processus et respecter leurs obligations actuelles en vertu des réglementations existantes.
Si [la LIAD n'est pas adoptée] pour une raison quelconque, nous agissons, nous avons des enquêtes en cours, nous avons publié des déclarations sur l'IA. Nous continuerons à utiliser les outils dont nous disposons actuellement.
Philippe Dufresne, Commissaire à la protection de la vie privée du Canada
Quelles prochaines étapes pour LinkedIn et l'IA ?
La décision de LinkedIn de suspendre temporairement l'entraînement de ses modèles d'IA avec les données des Canadiens est un premier pas encourageant. Reste à voir comment le réseau social compte s'y prendre pour obtenir un consentement éclairé de ses utilisateurs à l'avenir et quelles mesures seront mises en place pour protéger leurs informations.
Plus largement, ce cas illustre les défis complexes posés par le développement rapide de l'intelligence artificielle et la nécessité d'un cadre réglementaire robuste pour encadrer ces nouvelles technologies. Alors que de plus en plus d'entreprises se lancent dans l'IA générative, il est crucial de trouver un équilibre entre innovation et protection de la vie privée.
Les discussions entre LinkedIn et le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada seront donc suivies de près. Elles pourraient servir de base à de futures lignes directrices sur les bonnes pratiques en matière d'utilisation des données personnelles pour l'entraînement de l'IA, ouvrant la voie à une industrie plus éthique et transparente.