
Les Risques des Antidouleurs pour les Plus de 65 Ans
Les antidouleurs en vente libre comme le paracétamol ou l'ibuprofène sont parmi les médicaments les plus consommés au monde, toutes tranches d'âge confondues. Pourtant, une récente étude alerte sur les risques liés à leur prise au long cours chez les plus de 65 ans. Complications rénales, cardiovasculaires, digestives... Les effets secondaires potentiels ne sont pas anodins. Faut-il repenser l'usage de ces traitements en première intention pour les douleurs chroniques des seniors ?
Des antidouleurs pas si anodins pour les seniors
Le paracétamol, l'ibuprofène et l'aspirine font partie des antalgiques les plus utilisés en automédication. S'ils sont en accès libre, c'est parce qu'ils présentent un profil de sécurité favorable aux doses recommandées et sur de courtes durées. Mais qu'en est-il d'une prise prolongée chez les personnes âgées ?
C'est la question que s'est posé une équipe de chercheurs américains. Leur étude, publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, a suivi plus de 4200 seniors de plus de 65 ans pendant 10 ans. Ils ont comparé ceux qui prenaient régulièrement des antidouleurs à ceux qui n'en consommaient pas ou peu.
Les résultats sont sans appel : la prise fréquente de ces médicaments est associée à un sur-risque de complications :
- Insuffisance rénale
- Ulcères et saignements digestifs
- Troubles cardiovasculaires (hypertension, insuffisance cardiaque)
Et plus la consommation est importante et prolongée, plus les risques augmentent. Au-delà d'un an de traitement, ils sont multipliés par deux.
Des risques accrus après 65 ans
Pourquoi les seniors sont-ils plus vulnérables aux effets secondaires de ces antidouleurs pourtant courants ? Avec l'âge, plusieurs facteurs entrent en jeu :
- Le métabolisme des médicaments est ralenti, ils s'éliminent moins vite
- Les reins et le foie, qui filtrent les molécules, fonctionnent moins bien
- Les traitements multiples sont fréquents, avec des risques d'interactions
Chez une personne âgée, le paracétamol à dose élevée et prolongée peut s'avérer aussi toxique que les AINS.
Pr Serge Perrot, rhumatologue
Des précautions d'usage qui ne sont pas toujours bien connues des patients... et des médecins. Car ces antalgiques restent souvent prescrits en première intention pour soulager les douleurs chroniques des seniors, comme l'arthrose.
Repenser la prise en charge de la douleur des seniors ?
À la lumière de ces résultats, faut-il revoir la place des antidouleurs classiques chez les plus de 65 ans ? Pour les chercheurs, il est nécessaire de mieux évaluer la balance bénéfices-risques. Et d'envisager des alternatives, surtout dans la durée :
- Approches non médicamenteuses : activité physique adaptée, kinésithérapie, relaxation...
- Médicaments mieux tolérés : antidépresseurs, antiépileptiques à faible dose
- Techniques de neurostimulation : TENS, stimulation magnétique transcrânienne...
Le message est clair : les antidouleurs classiques ne sont pas anodins chez les seniors. Il est crucial de réévaluer régulièrement leur rapport bénéfices/risques, de les utiliser à la plus petite dose efficace et de promouvoir dès que possible des solutions alternatives. De quoi soulager la douleur... sans créer d'autres maux.