La BCE prête à abaisser les taux si l’inflation ralentit
Selon Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, l'institution est prête à abaisser davantage ses taux directeurs si l'inflation continue de se modérer et de se rapprocher de l'objectif de 2%. Lors d'un discours à Vilnius ce lundi, elle a laissé la porte ouverte à de nouvelles baisses après les quatre réductions opérées depuis le début de l'année.
Une politique monétaire ajustée à l'évolution de l'inflation
La BCE a réduit ses taux pour la quatrième fois en 2024 la semaine dernière, face au ralentissement économique causé par l'instabilité politique dans plusieurs pays de la zone euro et la menace de nouveaux droits de douane brandis par le président élu américain Donald Trump. Mais l'institution se tient prête à aller plus loin :
Si les données entrantes continuent de confirmer notre scénario de base, la direction à suivre est claire et nous prévoyons d'abaisser encore les taux d'intérêt.
Christine Lagarde, présidente de la BCE
Maintenir les taux à un niveau "suffisamment restrictif" n'est plus justifié selon elle, compte tenu de la faiblesse de la croissance et de la modération des pressions sur les prix. La BCE pourrait donc s'orienter vers un taux "neutre", qui ne restreint ni ne stimule l'économie, estimé entre 1,75% et 2,5%.
Les marchés anticipent d'autres baisses
Les investisseurs tablent désormais sur une baisse de taux à chacune des quatre prochaines réunions de la BCE. Ils estiment même à plus de 50% la probabilité d'un mouvement supplémentaire avant fin 2025, ce qui ramènerait alors le taux directeur dans le bas de la fourchette neutre évoquée par Christine Lagarde.
L'inflation des services ralentit aussi
Au-delà de l'inflation globale, la présidente de la BCE a noté un ralentissement de la hausse des prix dans les services, autre motif d'inquiétude jusqu'à présent :
La dynamique de l'inflation dans le secteur des services a également fortement diminué récemment. Ces données suggèrent qu'un ajustement à la baisse de l'inflation des services, et donc de l'inflation domestique, est possible dans les mois à venir.
Des perspectives salariales plus favorables
Autre sujet de préoccupation de la BCE, la croissance des salaires montre aussi des signes encourageants. L'indicateur des salaires de la banque centrale prévoit une progression de 3% l'an prochain, un rythme jugé compatible avec l'objectif d'inflation.
Des risques géopolitiques pèsent sur la croissance
Christine Lagarde a cependant averti que les tensions géopolitiques assombrissent les perspectives économiques et font peser un risque d'une inflation inférieure à la cible de la BCE à moyen terme. Le virage protectionniste qui se profile aux États-Unis, principal marché d'exportation de la zone euro, pourrait pénaliser la croissance européenne.
Si l'inflation poursuit sa décélération vers les 2% dans les prochains mois, la BCE devrait donc continuer d'assouplir sa politique monétaire. Mais elle devra rester vigilante aux risques externes qui menacent la reprise. L'équilibre s'annonce délicat pour les gardiens de l'euro.