Les Entreprises Françaises Ajustent leur Politique de Télétravail

Cinq ans après le début de la crise sanitaire, le télétravail est devenu un mode de travail incontournable pour de nombreuses entreprises françaises. Mais après avoir expérimenté ses avantages et ses limites, certaines sociétés cherchent aujourd'hui à ajuster leur politique en la matière. Retour progressif au bureau, nouvelle répartition des jours de présentiel, aménagements spécifiques pour certains salariés... Tour d'horizon des évolutions en cours au sein des grands groupes hexagonaux.

Un rééquilibrage en faveur du présentiel

Si la tendance est au retour au bureau outre-Atlantique, la situation est plus nuancée dans l'Hexagone où le dialogue social encadre davantage les pratiques. Néanmoins, plusieurs entreprises qui avaient poussé loin le curseur du télétravail opèrent désormais un rééquilibrage :

• Chez Engie, les salariés disposeront en moyenne de 2,5 jours de télétravail par semaine dès la rentrée 2025, contre jusqu'à 3 jours auparavant.
• Le fabricant de fenêtres Velux est passé en juin de 3 à 2-3 jours par semaine, constatant un délitement du sentiment d'appartenance et des difficultés sur certains projets.
• Renault s'apprête également à limiter le télétravail à 2 jours hebdomadaires au lieu de 3, afin de favoriser les moments de partage et de créativité.

Si ces ajustements se font parfois en douceur via de simples recommandations managériales, d'autres découlent directement de la renégociation des accords d'entreprise, dont beaucoup arrivent à échéance.

De nouveaux aménagements pour les salariés

Mais tous les ajustements ne sont pas défavorables aux télétravailleurs. Plusieurs entreprises ont profité de la refonte de leur accord pour y intégrer de nouveaux aménagements :

• Engie, Velux et Renault prévoient désormais des possibilités étendues pour les salariés proches aidants.
• Chez Axa, les nouvelles recrues accèdent de manière progressive au télétravail pour favoriser leur montée en compétences.
• L'accord d'Airbus apporte plus de souplesse, en permettant notamment de télétravailler en moyenne 2 jours par semaine sur un mois, et depuis un autre lieu que le domicile.

Étant donné la guerre des talents dans le recrutement, nous aurions tort de nous priver de cet argument.

Régis Blugeon, DRH de Saint-Gobain

De fait, avec près de 70% des cadres prêts à changer d'entreprise en cas de réduction du télétravail selon une étude Apec, le travail à distance reste un facteur d'attractivité majeur. Chez Saint-Gobain, où il est appliqué à hauteur de 2 jours par semaine en moyenne depuis 2018, la direction n'envisage d'ailleurs pas de revenir dessus.

L'enjeu de l'immobilier d'entreprise

Au-delà des aspirations des salariés, l'optimisation des surfaces de bureaux représente une autre raison qui complique un retour massif au présentiel. De nombreuses entreprises ont réduit leur parc immobilier et ne disposent tout simplement plus d'un poste fixe par collaborateur.

Certaines misent sur des solutions de flex-office et s'efforcent d'organiser la présence sur site des équipes pour éviter l'engorgement. C'est le cas chez Engie et Velux, mais aussi chez L'Oréal qui demande depuis début 2024 à ses salariés de ne pas dépasser deux vendredis par mois en télétravail.

Télétravail et évolution de carrière

Si le travail à distance est plébiscité par une majorité d'actifs, il n'est pas sans conséquence sur la carrière. Selon une récente étude, les chances de promotion des télétravailleurs seraient réduites de 31% par rapport à celles de leurs collègues présents au bureau.

En cause : moins d'opportunités d'échanges informels et de démonstration de leadership en réunion pour ceux travaillant à distance. Une tendance à garder en tête au moment de définir son équilibre entre présentiel et distanciel.

Loin d'être figées, les politiques de télétravail des entreprises continuent donc d'évoluer, à la recherche d'un point d'équilibre entre attentes des collaborateurs, performance collective et maîtrise des coûts. Un casse-tête qui n'a pas fini d'animer les échanges entre partenaires sociaux.