Une vague de licenciements dans la Tech impacte 150 000 emplois en 2024
En ce début d'année 2024, le secteur des technologies traverse une période tumultueuse. Alors que l'intelligence artificielle connaît un essor fulgurant, paradoxalement, les entreprises tech procèdent à des licenciements massifs. Depuis janvier, ce sont plus de 150 000 emplois qui ont été supprimés, touchant aussi bien les géants que les startups les plus prometteuses. Comment expliquer ce phénomène et quelles en sont les conséquences pour l'innovation ?
Des licenciements records malgré le boom de l'IA
Selon le site Layoffs.fyi qui recense les licenciements dans la tech, 457 entreprises ont procédé à des coupes dans leurs effectifs depuis le début de l'année, impactant plus de 150 000 salariés au total. Parmi les plus gros plans sociaux :
- Tesla a supprimé plus de 14 000 postes, soit 10% de ses effectifs mondiaux
- Amazon a réduit les équipes de sa division santé et de sa filiale Twitch
- Google a licencié des centaines d'employés dans ses équipes hardware et cloud
Et la liste est encore longue : Meta, Microsoft, Snap, IBM, SAP... Aucun géant n'est épargné. Ironiquement, ces vagues de licenciements surviennent alors même que le secteur connaît une croissance sans précédent, portée par l'engouement pour l'IA générative et le machine learning. Mais visiblement, cela ne suffit pas à protéger tous les emplois...
Les startups durement touchées
Au-delà des mastodontes de la Silicon Valley, ce sont aussi de nombreuses startups et scale-ups qui trinquent. Getaround, Meati Foods, Vroom ou encore Checkr ont toutes annoncé des réductions d'effectifs conséquentes. Même les licornes les mieux valorisées n'y échappent pas, à l'image de Stripe qui s'est séparée de 14% de ses salariés.
Nous devons nous adapter à la nouvelle donne économique et viser la rentabilité. Cela passe malheureusement par des choix difficiles.
– Patrick Collison, CEO de Stripe
La frilosité des investisseurs et le durcissement des conditions de financement pousse de nombreuses startups à revoir leurs ambitions de croissance à la baisse. L'heure n'est plus aux embauches massives mais à l'optimisation et la rationalisation des coûts. Quitte à sacrifier une partie des effectifs...
Pourquoi tant de coupes budgétaires ?
Comment expliquer ce grand dégraissage alors que la tech se porte globalement bien ? Les raisons sont multiples selon les entreprises :
- Anticipation d'un ralentissement économique et d'une baisse de la demande
- Volonté d'améliorer la rentabilité et de réduire les pertes
- Réorganisations internes et réallocations des ressources sur les activités jugées prioritaires
- Automatisation de certains postes grâce aux progrès de l'IA et du machine learning
Après les embauches effrénées de ces dernières années, la tech semble donc entrer dans une phase de consolidation et de maturité. Même si c'est au prix de nombreux emplois et de beaucoup d'incertitude pour les salariés concernés...
Vers une "destruction créatrice" ?
Malgré le choc que représentent ces vagues de licenciements, certains y voient un mal nécessaire. Une forme de "destruction créatrice" pour reprendre le concept de Schumpeter. En se séparant des activités les moins rentables ou stratégiques, les entreprises pourraient en ressortir plus fortes et compétitives.
C'est en tout cas le pari que font les GAFAM en réorientant massivement leurs investissements vers l'IA. Quitte à délaisser d'autres projets et à sacrifier des équipes entières. Une stratégie risquée mais qui pourrait s'avérer payante sur le long terme.
Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous prenons ces décisions. Mais nous devons faire des choix pour rester à la pointe de l'innovation.
– Sundar Pichai, CEO de Google
Une chose est sûre, le secteur de la tech n'a pas fini de se transformer sous l'impulsion de l'IA. Avec à la clé de profondes mutations dans l'organisation du travail et les métiers. Les salariés n'ont sans doute pas fini d'en faire les frais, mais peut-être que de nouvelles opportunités émergeront aussi. L'avenir nous le dira...