La Californie Pionnière du Zéro-Émission Automobile dès 2035
Imaginez un futur où les routes californiennes ne seraient plus envahies par les gaz d'échappement mais par le ronronnement discret des moteurs électriques. Ce scénario est en passe de devenir réalité. En effet, l'Agence de Protection de l'Environnement américaine (EPA) vient d'autoriser la Californie à interdire la vente de voitures neuves à essence et diesel à partir de 2035. Une décision historique qui promet de révolutionner le paysage automobile de l'État le plus peuplé des États-Unis et d'accélérer la transition vers une mobilité plus propre et durable.
La Californie, Pionnière de la Lutte Contre la Pollution Automobile
La Californie n'en est pas à son coup d'essai en matière de régulation des émissions automobiles. Depuis les années 60, l'État a régulièrement imposé des normes plus strictes que celles en vigueur au niveau fédéral grâce à une dérogation prévue par le Clean Air Act. Une exception qui lui a permis de s'affirmer comme un véritable laboratoire de la lutte contre la pollution de l'air. En 2022, les autorités californiennes avaient déjà annoncé un plan ambitieux visant à interdire progressivement la vente de véhicules neufs à moteur thermique d'ici 2035. Un objectif qui semblait alors difficile à tenir mais qui vient de franchir une étape décisive avec le feu vert de l'EPA.
Un Calendrier Ambitieux Mais Réaliste
Concrètement, l'interdiction des ventes de voitures thermiques neuves interviendra de manière progressive :
- Dès 2026, 35% des ventes de véhicules neufs devront être des modèles zéro-émission, c'est-à-dire 100% électriques ou à hydrogène.
- Ce pourcentage passera à 68% en 2030.
- Enfin, en 2035, la totalité des ventes de voitures particulières et de camionnettes neuves devra être zéro-émission.
Une petite nuance toutefois : jusqu'à 20% de véhicules hybrides rechargeables avec une autonomie minimale de 80 km en mode électrique pourront encore être commercialisés. Des objectifs certes ambitieux mais qui semblent réalistes au vu de la dynamique actuelle du marché. Au 3ème trimestre 2024, les voitures zéro-émission représentaient déjà 26,4% des immatriculations en Californie.
Un Signal Fort Malgré un Avenir Politique Incertain
Si la décision de l'administration Biden constitue indéniablement une victoire pour le climat, son avenir politique reste incertain. Le président américain élu Donald Trump a en effet clairement fait savoir qu'il comptait revenir sur cette autorisation dès son entrée en fonction. Un tel revirement ne serait cependant pas si simple à mettre en œuvre. Lors de son précédent mandat, il avait déjà tenté de retirer à la Californie son pouvoir de fixer ses propres normes, générant une vive opposition et de multiples recours en justice. Revenir en arrière nécessiterait donc de relancer toute la procédure, un processus long et complexe qui pourrait prendre jusqu'à 18 mois.
Nous nous attendons à ce que le président Trump révoque cette autorisation en 2025.
– John Bozzella, PDG de l'Alliance for Automotive Innovation
Face à ces incertitudes, les constructeurs automobiles se retrouvent dans une position délicate. Beaucoup ont déjà accepté de se conformer aux exigences californiennes en matière d'émissions et de déployer davantage de véhicules électriques et à hydrogène. Mais ils font aussi pression pour obtenir plus de temps et un assouplissement des règles.
Un Mouvement qui Dépasse les Frontières de la Californie
Loin d'être un cas isolé, la décision californienne s'inscrit dans une tendance de fond. Pas moins de 16 autres États américains ainsi que le District de Columbia ont déjà adopté, sous une forme ou une autre, les standards d'émissions de l'État doré. La plupart prévoient également de mettre fin à la vente de voitures thermiques d'ici 2035. C'est notamment le cas de New York, du New Jersey ou encore du Massachussetts. À l'échelle mondiale, plusieurs pays ont aussi annoncé leur intention d'interdire les moteurs à combustion, comme le Royaume-Uni, la France ou la Chine. Autant d'initiatives qui témoignent d'une prise de conscience croissante de l'urgence climatique et de la nécessité d'accélérer la transition vers des modes de transport plus propres.
La décision de la Californie d'interdire la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035 marque donc un tournant majeur dans la lutte contre le changement climatique. Malgré les incertitudes politiques et les réticences de certains constructeurs, elle envoie un signal fort et ouvre la voie à une profonde transformation du secteur automobile. Une révolution verte portée par l'innovation technologique et l'engagement croissant des citoyens et des décideurs en faveur d'une mobilité plus durable. Reste à espérer que cet élan ne sera pas brisé par les prochaines alternances politiques et que d'autres États et pays emboîteront rapidement le pas de la Californie. L'avenir de notre planète en dépend.