Les routeurs TP-Link compromis par la Chine : un risque pour la sécurité américaine ?
Coup de tonnerre dans le monde de la technologie : les routeurs du géant chinois TP-Link, qui équipent 65% des foyers américains, sont dans le viseur des autorités. Compromis par des cyberattaques liées au régime de Pékin, ils pourraient représenter un danger pour la sécurité nationale des États-Unis. Une interdiction pure et simple de ces appareils est envisagée, alors que la guerre technologique entre les deux superpuissances s'intensifie. Plongée dans les dessous d'une affaire aux enjeux géopolitiques majeurs.
TP-Link, un colosse aux pieds d'argile ?
Avec 65% de parts de marché sur le segment des routeurs grand public et pour les petites entreprises, TP-Link règne en maître outre-Atlantique. Plus de 300 fournisseurs d'accès proposent ses équipements en standard à leurs abonnés. On retrouve même ses appareils au sein d'agences gouvernementales comme la Nasa ou le Pentagone !
Mais ce succès a un revers : en octobre dernier, Microsoft révélait que des milliers de routeurs TP-Link avaient été enrôlés dans un botnet par des hackers à la solde de Pékin, afin de pirater des comptes Azure. Un cas loin d'être isolé, le constructeur étant connu pour sa négligence dans la correction des failles de sécurité…
Le spectre d'une interdiction
Face à la menace, l'administration Biden a diligenté des enquêtes sur les routeurs TP-Link, afin de déterminer s'ils constituent un risque pour la sécurité intérieure. Plusieurs ministères sont sur le pont, dont ceux de la Justice, du Commerce et de la Défense.
Si leurs conclusions s'avèrent négatives, une interdiction des produits de la marque pourrait intervenir dès 2025. Un scénario catastrophe pour TP-Link, mais un mal nécessaire pour protéger les réseaux américains ? La question divise, certains évoquant une mesure « radicale mais inévitable », quand d'autres y voient une énième escalade dans la rivalité sino-américaine…
Les autorités américaines n'hésiteront pas à prendre les décisions qui s'imposent pour protéger nos intérêts stratégiques, y compris bannir des équipements high-tech chinois.
- Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche
Huawei, ZTE… Des précédents inquiétants
Ce ne serait pas la première fois que des fleurons technologiques chinois sont bannis du marché américain. En 2022, Huawei et ZTE avaient subi le même sort, Washington les accusant d'espionnage au profit de Pékin. Des mesures perçues par la Chine comme une volonté de freiner son essor technologique.
Or avec la 5G, l'IoT ou l'IA, le contrôle des réseaux et équipements devient un enjeu de souveraineté crucial. Et dans cette bataille, les États-Unis semblent déterminés à couper les ailes de l'empire du Milieu, quitte à se priver de produits performants et abordables comme ceux de TP-Link.
Des répercussions en cascade
Une telle décision aurait un impact considérable, bien au-delà du seul cas TP-Link. C'est toute la chaîne d'approvisionnement mondiale qui pourrait être chamboulée, avec un découplage accru entre les écosystèmes technologiques chinois et occidentaux.
Les consommateurs américains seraient aussi touchés, avec des prix d'équipements réseaux qui risquent de flamber. Sans parler des nombreuses PME et administrations qui devront changer en catastrophe leurs routeurs… Un sacré casse-tête en perspective !
Cette affaire illustre en tout cas la mutation profonde des relations technologiques internationales, où sécurité et intérêts nationaux priment désormais sur l'innovation et la libre circulation des produits. Un virage lourd de conséquences, qui bouscule les acteurs établis comme les nouveaux entrants. Dans un monde de plus en plus "tech", mais de moins en moins ouvert, l'heure est à la méfiance et au repli sur soi.
Une tendance inquiétante, qui menace à terme la coopération internationale et le progrès technologique. Car en matière de R&D comme de sécurité, l'union fait la force. Reste à savoir si les États seront capables de dépasser leurs différends pour relever ensemble les immenses défis du XXIe siècle, du réchauffement climatique à la transition énergétique en passant par la santé et l'éducation…
Les prochains mois seront décisifs pour TP-Link, et plus largement pour l'avenir des relations techno-politiques entre la Chine et les États-Unis. Washington semble déterminé à poursuivre sa politique de fermeté, quitte à bousculer profondément le marché. Mais Pékin ne restera pas les bras croisés, et pourrait riposter avec des mesures anti-américaines… Vers une nouvelle guerre froide high-tech ?