L’Allemagne affiche une légère hausse des prix à la production en novembre
Alors que la plupart des économistes tablaient sur un nouveau recul en novembre, les prix à la production en Allemagne ont créé la surprise en progressant de 0,1% sur un an, après -1,1% en octobre. Un chiffre certes modeste mais qui va à l'encontre des prévisions du consensus. Décryptage de ce rebond inattendu et de ses implications pour la première économie européenne.
Les biens d'équipement tirent les prix à la hausse
Selon l'Office fédéral des statistiques Destatis, cette légère augmentation des prix à la production s'explique principalement par la hausse des prix des biens d'équipement. Cette catégorie, qui comprend notamment les machines, les véhicules et le matériel électrique, a vu ses prix progresser en novembre.
Une tendance positive qui a compensé le recul enregistré dans d'autres secteurs. Ainsi, les prix des biens de consommation durables et non-durables ainsi que ceux des biens intermédiaires ont continué de baisser le mois dernier, mais dans une moindre mesure qu'en octobre.
L'énergie pèse moins sur les coûts de production
Autre enseignement majeur de ces données : l'impact des prix de l'énergie s'atténue. Hors énergie, les prix à la production allemands ont augmenté de 1,3% sur un an en novembre. Soit un rythme plus soutenu que l'indice global.
Après l'envolée des cours liée à la guerre en Ukraine, le reflux des prix du gaz et de l'électricité ces derniers mois soulage les coûts des entreprises industrielles, grands consommateurs d'énergie. Une bouffée d'oxygène qui leur permet de regagner en compétitivité.
Un indicateur clé de l'inflation
Suivis de près par les économistes et les investisseurs, les prix à la production sont considérés comme un indicateur avancé de l'inflation. Avant d'être répercutées sur le consommateur final, les hausses de coûts se matérialisent en effet au niveau du producteur.
Les prix à la production sont un baromètre de l'inflation future. Leur évolution nous renseigne sur la dynamique des prix à la consommation dans les mois à venir.
Carsten Brzeski, économiste chez ING
Si les prix à la production continuent d'augmenter, l'inflation sous-jacente pourrait s'avérer plus persistante qu'anticipé. La Banque centrale européenne, déjà engagée dans un cycle de resserrement monétaire, pourrait alors être contrainte de relever ses taux directeurs plus longtemps.
L'Allemagne, moteur de la zone euro
Première économie de la zone euro, l'Allemagne agit comme une locomotive pour l'ensemble du bloc. Son secteur industriel ultraperformant, tourné vers l'export, est un baromètre de la santé du commerce mondial.
Des prix à la production bien orientés laissent donc présager un regain d'activité des usines allemandes dans les prochains mois. De quoi rassurer sur la résilience de l'économie européenne, qui devrait échapper de peu à la récession.
- Les biens d'équipement tirent la production allemande
- Le plongeon des prix de l'énergie soulage l'industrie
- L'évolution des prix producteurs précède celle des prix à la consommation
Malgré une conjoncture difficile, l'économie allemande montre des signes encourageants à l'aube de 2025. La hausse des prix producteurs, tirée par la demande en biens d'équipement, reflète la robustesse de son tissu industriel. Une embellie qui, si elle se confirme, pourrait profiter à l'ensemble de la zone euro.