La Victoire de Qualcomm Face à ARM : Un Pas en Avant pour les Processeurs PC
C'est un soulagement pour Qualcomm. Vendredi dernier, le géant américain des semi-conducteurs a remporté une victoire judiciaire importante face à ARM, le concepteur britannique dont il utilise l'architecture pour ses processeurs. Un verdict qui lui permet de continuer à commercialiser ses dernières puces Snapdragon, destinées aussi bien aux smartphones haut de gamme qu'aux ordinateurs portables nouvelle génération. Mais le feuilleton est loin d'être terminé...
ARM Contre-Attaque après le Rachat de Nuvia
Tout a commencé en mars 2021, lorsque Qualcomm a mis la main sur la pépite Nuvia pour 1,4 milliard de dollars. Cette start-up développait des CPU haute performance basés sur l'architecture ARM. Qualcomm a immédiatement mis fin à la licence que Nuvia payait à ARM, estimant que son propre contrat couvrait l'intégration des technologies de sa nouvelle acquisition.
C'était sans compter sur la réaction d'ARM, qui a vu les choses d'un tout autre œil. Le groupe britannique a accusé Qualcomm de rupture de contrat, soulignant que les redevances payées par Nuvia étaient bien supérieures. Le manque à gagner se chiffrerait à 50 millions de dollars par an. ARM ne réclamait pas d'argent, mais exigeait purement et simplement la destruction des designs de puces développés par Qualcomm suite au rachat.
Un Procès en Deux Actes
Après une semaine d'audience devant un tribunal du Delaware, le jury a rendu un verdict en deux parties. D'un côté, il a estimé que la licence de Qualcomm lui permettait bien de vendre les processeurs intégrant son nouveau cœur CPU maison Oryon, une technologie héritée de Nuvia. Un point crucial pour Qualcomm, dont les derniers Snapdragon auraient été menacés de retrait du marché.
Mais de l'autre, le jury n'a pas réussi à se mettre d'accord sur le troisième point du litige : l'éventuelle violation par Qualcomm du contrat initial liant Nuvia à ARM. La porte reste donc ouverte à un nouveau procès sur cet aspect spécifique du dossier. A moins qu'un accord à l'amiable ne soit trouvé d'ici là, comme le tribunal l'a suggéré aux deux parties.
Qualcomm a évité le pire scénario – le retrait à la vente des derniers Snapdragon – mais il reste sous la menace d'ARM.
L'Épée de Damoclès des Licences
Car le bras de fer est loin d'être terminé. Fin octobre, ARM a prévenu qu'il comptait retirer à Qualcomm sa licence d'exploitation de ses architectures avant la fin de l'année. Un coup de tonnerre qui, s'il se confirmait, empêcherait le groupe californien de vendre l'intégralité de ses puces !
Qualcomm joue donc sa survie et doit impérativement trouver un terrain d'entente avec ARM. Si ce dernier maintenait sa décision de lui retirer sa licence globale, il faudrait de nouveau passer par la case tribunal pour tenter de la faire annuler. Un scénario catastrophe qu'il faut éviter à tout prix.
Des Conséquences Majeures pour le Marché
Au-delà du combat entre les deux géants, c'est tout le secteur des semi-conducteurs qui retient son souffle. ARM est un acteur incontournable dont l'architecture équipe la grande majorité des mobiles et tablettes de la planète. Qualcomm est l'un de ses plus gros clients et un partenaire stratégique pour démocratiser ses technologies, notamment sur PC.
Une rupture entre les deux groupes aurait des conséquences majeures pour tout l'écosystème. Elle retarderait le développement des ordinateurs sous Windows dotés de puces ARM, un marché prometteur sur lequel Qualcomm est en pointe face à Apple et ses processeurs M1/M2. Sans parler des répercussions pour les smartphones Android, qui pourraient voir leur évolution technique ralentie.
Un accord entre ARM et Qualcomm est crucial pour l'avenir de l'industrie des semi-conducteurs et des appareils mobiles.
Des Négociations Sous Haute Tension
La balle est désormais dans le camp des négociateurs. Qualcomm et ARM ont tout intérêt à apaiser les tensions et trouver un nouveau cadre de collaboration serein et durable. Cela passera sûrement par une révision des conditions de licence et des montants de redevances, pour tenir compte du potentiel accru des derniers Snapdragon.
Si les discussions n'aboutissent pas, le risque est grand de voir le conflit judiciaire s'enliser, avec à la clé de lourdes conséquences financières et des retards dans les feuilles de route technologiques. Un scénario perdant-perdant qu'il faut éviter pour préserver la dynamique d'innovation du secteur. Les prochains mois s'annoncent décisifs.