Palantir et Anduril s’unissent pour disrupter le secteur de la défense
Imaginez un avenir où les armes et technologies militaires les plus avancées ne proviennent plus des noms familiers comme Lockheed Martin, Raytheon ou Boeing, mais d'un groupe de startups agiles et innovantes. C'est la vision audacieuse portée par un consortium en cours de formation, mené par deux acteurs emblématiques de la tech appliquée à la défense : Palantir et Anduril.
Palantir et Anduril, fers de lance d'une nouvelle ère ?
Ces deux entreprises, dont les noms évoquent l'univers du « Seigneur des Anneaux » de J.R.R. Tolkien, sont en pourparlers avec d'autres poids lourds de la tech comme SpaceX, OpenAI, Saronic et Scale AI pour créer une alliance capable de rivaliser avec les « prime contractors » historiques du Pentagone. L'objectif ? Offrir au gouvernement américain un accès plus direct et efficace aux technologies de pointe en matière d'armement et d'intelligence artificielle.
Selon le Financial Times qui a révélé l'information, les premiers partenariats pourraient être annoncés dès janvier. En unissant leurs forces et expertises complémentaires, ces startups ambitionnent de bousculer les géants en place, jugés moins agiles pour intégrer les dernières innovations dans les programmes d'armement.
La promesse de l'IA et du big data au service de la défense
Au cœur de cette offensive se trouve la maîtrise des technologies d'intelligence artificielle, devenue un enjeu stratégique majeur pour les armées du XXIe siècle. Palantir, spécialiste de l'analyse de données, et Anduril, pionnier des systèmes de surveillance autonomes, en ont fait leur fer de lance. En s'alliant avec des champions comme OpenAI sur l'IA générative ou Scale AI sur l'annotation de données, ils entendent proposer au Pentagone des solutions inédites pour optimiser la prise de décision, la logistique, le renseignement ou encore l'entraînement des troupes.
Nous voulons fournir une nouvelle génération d'entrepreneurs de la défense, capables d'apporter au gouvernement les dernières percées technologiques de manière plus fluide et réactive que les processus traditionnels.
Un participant au consortium, cité par le Financial Times
SpaceX, un atout de poids pour le « New Space » militaire
La participation de SpaceX à ce groupement apparaît particulièrement stratégique. La firme d'Elon Musk, qui a révolutionné l'accès à l'espace avec ses lanceurs réutilisables, est déjà un partenaire clé de l'US Air Force et de la NASA. Avec ses constellations de satellites Starlink et ses futures fusées Starship, SpaceX pourrait offrir au consortium de nouvelles capacités en matière de communication, surveillance ou projection de puissance depuis l'espace.
Vers un écosystème de défense 2.0
Au-delà de la compétition pour décrocher des contrats, l'émergence de ce consortium reflète une évolution plus large de l'écosystème de défense. Face à la nécessité de s'adapter à un monde plus imprévisible et des menaces plus diffuses, le Pentagone cherche à diversifier ses fournisseurs et s'ouvrir davantage à l'innovation venue du secteur privé. Des initiatives comme le Defense Innovation Unit ou le AFWERX de l'Air Force visent ainsi à faciliter la collaboration avec les startups.
En se regroupant, Palantir, Anduril et leurs partenaires espèrent peser davantage face aux mastodontes de l'industrie, mais aussi créer des synergies pour développer des systèmes plus intégrés et interopérables. Une approche en phase avec la doctrine de « combat collaboratif » prônée par le Pentagone, visant à mieux connecter les différentes composantes de l'appareil militaire.
Défis et critiques d'une coopération tech-défense
Ce rapprochement entre la tech et le monde de la défense ne va toutefois pas sans critiques ni défis. Certains observateurs s'inquiètent des risques d'une dépendance accrue à des systèmes opaques et privatisés, échappant au contrôle démocratique. D'autres pointent les controverses entourant la protection des données personnelles ou les biais des algorithmes, dans des domaines aussi sensibles que le renseignement ou le ciblage militaire.
Les entreprises concernées devront aussi faire face à d'éventuelles réticences en interne, certains employés étant réfractaires à voir leur travail appliqué à des fins militaires. Google avait ainsi renoncé en 2018 à un contrat d'IA avec le Pentagone suite à une fronde de ses salariés. À l'inverse, Palantir et Anduril assument pleinement leur positionnement dual entre le civil et la défense.
Quoi qu'il en soit, l'entrée en lice de ce consortium tech promet de redistribuer les cartes et d'accélérer l'intégration des technologies de rupture au sein de l'appareil de défense américain. Une tendance à suivre de près, au moment où la compétition stratégique s'intensifie avec des rivaux comme la Chine, elle aussi déterminée à prendre la tête de la course aux armements du futur. La bataille ne fait que commencer entre les champions de la tech et les géants de l'industrie de défense traditionnelle.