Rapprochement Honda-Nissan : Un nouveau géant de l’automobile japonaise
L'industrie automobile japonaise s'apprête-t-elle à voir émerger un nouveau mastodonte ? C'est ce que laisse présager l'annonce par Honda et Nissan de discussions en vue d'un rapprochement entre les deux constructeurs nippons. Un projet qui, s'il se concrétise, pourrait redessiner le paysage automobile mondial.
Honda et Nissan envisagent de joindre leurs forces
Selon des sources proches du dossier, les deux groupes devraient officialiser en début de semaine des négociations en vue d'un rapprochement de leurs activités. Les équipes dirigeantes se réuniront pour poser les jalons d'une potentielle fusion, avec l'objectif de boucler un accord d'ici juin 2025.
Si les contours exacts du projet restent à définir, il est d'ores et déjà acquis que Honda devrait prendre les rênes de la nouvelle entité, en nommant son dirigeant et en plaçant ses hommes aux postes clés. L'enseigne résultant de ce mariage devrait faire son entrée en bourse, tandis que Honda et Nissan seraient retirés de la cote.
Un géant aux 10 millions de véhicules
Avec près de 10 millions de véhicules produits à eux deux, Honda (4,5 millions) et Nissan (4,1 millions) formeraient, une fois réunis, le troisième constructeur automobile mondial. Seuls Volkswagen (10,5 millions) et Toyota (9,2 millions) feraient mieux. General Motors et ses 8,3 millions de véhicules seraient relégués au pied du podium.
Au-delà des volumes, ce sont surtout les synergies entre les deux entités qui suscitent l'intérêt. En mutualisant leurs forces, notamment en R&D, Honda et Nissan pourraient accélérer sur des sujets stratégiques comme l'électrification et la conduite autonome. Des domaines où la concurrence fait rage et où les investissements se chiffrent en milliards.
Quel impact pour l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi ?
Ce projet de fusion soulève évidemment des questions sur l'avenir de l'Alliance entre Renault, Nissan et Mitsubishi. Depuis 1999, le constructeur français est le premier actionnaire de Nissan, avec 43% du capital. Un rapprochement avec Honda changerait forcément la donne.
Déjà fragilisés ces derniers mois, les liens entre Renault et son partenaire japonais pourraient se distendre encore un peu plus. Mais rien n'indique, à ce stade, une remise en cause de l'Alliance. Des sources proches des discussions assurent que Mitsubishi restera dans la boucle et enverra des représentants à la conférence de presse conjointe.
L'Etat français en embuscade
Actionnaire de référence de Renault avec 15% du capital, l'Etat français suit évidemment ce dossier de près. Même s'il n'est pas directement impliqué dans les négociations, Bercy a fait savoir qu'il serait "attentif" aux discussions, notamment sur la question de la participation de Renault au capital de Nissan.
"Nous serons vigilants, comme toujours, sur la préservation des intérêts du groupe Renault et de l'ensemble de la filière automobile française"
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie
Des enjeux industriels, technologiques et sociaux
Au-delà des questions capitalistiques, ce sont les enjeux industriels qui retiendront toute l'attention dans les prochains mois. Quelles seront les conséquences sociales d'un tel rapprochement ? Faut-il craindre des fermetures d'usines et des suppressions de postes chez Nissan ? À l'inverse, Honda pourra-t-il profiter de l'implantation géographique de son compatriote pour renforcer sa présence à l'international ?
Autant de questions auxquelles les deux constructeurs devront rapidement apporter des réponses pour rassurer leurs parties prenantes, qu'il s'agisse des actionnaires, des salariés ou des pouvoirs publics. Un travail de pédagogie et de dialogue indispensable pour mener à bien un projet d'une telle envergure.
Vers une recomposition du paysage automobile nippon ?
S'il venait à se concrétiser, ce rapprochement contribuerait à la recomposition en cours du paysage automobile japonais. Un mouvement déjà engagé ces dernières années, comme en témoignent la prise de contrôle de Mitsubishi par Nissan en 2016 ou l'alliance entre Toyota et Mazda scellée en 2017.
Face au défi des nouvelles mobilités et aux investissements colossaux qu'elles nécessitent, les constructeurs nippons semblent avoir fait le choix du pragmatisme et des alliances de raison. Reste à savoir si ce nouveau « mariage » sera si simple à orchestrer. Les prochains mois s'annoncent en tout cas décisifs pour Honda, Nissan et, plus largement, pour toute l'industrie automobile japonaise.