La BCE Proche de Son Objectif d’Inflation Selon Christine Lagarde
Selon une interview exclusive accordée au Financial Times, Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, a déclaré que la zone euro était "très proche" d'atteindre l'objectif d'inflation à moyen terme de 2% fixé par l'institution. Une annonce capitale pour l'avenir de la politique monétaire européenne.
Mais quelles seront les implications concrètes de cet accomplissement ? La BCE va-t-elle enfin pouvoir desserrer l'étau sur les taux d'intérêt ? L'économie européenne est-elle définitivement sortie d'affaire ? Penchons-nous sur les enjeux de cette déclaration.
L'inflation bientôt maîtrisée, une victoire pour la BCE
Depuis plusieurs années, la Banque Centrale Européenne mène une politique monétaire expansionniste afin de stimuler l'économie et faire remonter l'inflation vers sa cible de 2%. Un objectif qui semble désormais à portée de main d'après les propos de Christine Lagarde :
Nous sommes très proches du moment où nous pourrons déclarer que nous avons durablement ramené l'inflation à notre objectif à moyen terme de 2%.
Christine Lagarde, présidente de la BCE
Une prouesse rendue possible grâce aux mesures non conventionnelles mises en place par la BCE ces dernières années :
- Maintien de taux directeurs historiquement bas
- Programme massif de rachats d'actifs (quantitative easing)
- Injections de liquidités dans le système bancaire
Des mesures certes controversées mais qui semblent porter leurs fruits, permettant à la zone euro de renouer progressivement avec la croissance et une inflation plus dynamique.
Vers une normalisation progressive de la politique monétaire ?
Si le retour durable de l'inflation à 2% se confirme, la BCE devrait pouvoir amorcer un changement de cap dans sa politique monétaire. Christine Lagarde a d'ailleurs indiqué que la banque centrale était prête à réduire encore ses taux si l'inflation continuait de se rapprocher de la cible.
Cela marquerait la fin progressive des mesures de soutien exceptionnelles mises en œuvre depuis la crise financière de 2008 et amplifiées avec la pandémie de Covid-19. Une normalisation qui se fera toutefois de manière très graduelle, la BCE ne voulant pas casser la reprise encore fragile.
L'institution devra aussi gérer les pressions inflationnistes liées à la flambée des prix de l'énergie et aux tensions sur les chaînes d'approvisionnement. Un fragile équilibre à trouver entre maîtrise des prix et soutien à l'activité.
Rester vigilant sur l'inflation des services
Malgré ce satisfecit, Christine Lagarde a appelé à ne pas crier victoire trop vite. Elle a notamment pointé du doigt l'inflation encore élevée dans les services, à 3,9% et qui peine à redescendre :
L'inflation des services est toujours de 3,9% et ne bouge pas beaucoup. Elle oscille autour de 4%, bien qu'en légère baisse.
Christine Lagarde
Cette persistance de tensions inflationnistes dans certains secteurs montre que la bataille contre la hausse des prix est loin d'être terminée. La BCE devra donc rester vigilante et ne pas relâcher ses efforts prématurément.
L'ombre d'une possible résurgence de l'inflation plane toujours, d'autant plus avec les incertitudes géopolitiques et la transition écologique qui pourrait générer de nouvelles pressions sur les coûts. Autant de défis que la politique monétaire européenne devra relever dans les années à venir.
BCE vs menaces de Trump : éviter l'escalade
Au-delà de ces considérations internes à la zone euro, la présidente de la BCE a également été interrogée sur les menaces de droits de douane brandies par le futur président américain Donald Trump. Un risque sérieux de guerre commerciale auquel Christine Lagarde veut éviter de répondre par l'escalade :
J'ai dit que les représailles étaient une mauvaise approche parce que je pense que les restrictions commerciales globales suivies de représailles et cette façon conflictuelle de traiter le commerce sont tout simplement mauvaises pour l'économie mondiale.
Christine Lagarde
Une prise de position claire en faveur du dialogue et du multilatéralisme, seuls à même de résoudre pacifiquement les différends. La BCE entend ainsi jouer un rôle modérateur et refroidir les ardeurs protectionnistes qui menacent la croissance mondiale.
Atteindre enfin la cible d'inflation permettrait aussi à l'Europe de consolider sa reprise et d'être plus résiliente face aux chocs extérieurs comme le spectre d'une guerre commerciale. Un argument de poids dans les futures négociations internationales.
Conclusion
L'annonce par Christine Lagarde que la BCE est en passe de remplir son mandat constitue indéniablement une bonne nouvelle pour l'Europe. Un accomplissement qui ouvre la voie à une normalisation de la politique monétaire après des années de mesures exceptionnelles.
Pour autant, les défis restent nombreux entre inflation des services résiliente, risque de regain des prix avec la reprise et menaces protectionnistes. La route est encore longue et semée d'embûches avant de pouvoir tourner définitivement la page des crises passées.
Mais en ramenant durablement l'inflation vers sa cible, la BCE aura rempli sa part du contrat. Aux gouvernements ensuite d'engager les réformes structurelles nécessaires pour consolider la croissance européenne dans un monde plus incertain que jamais.