La fusion avortée entre Nippon Steel et US Steel
Le mariage entre les géants de l'acier Nippon Steel et US Steel vient de connaître un coup d'arrêt brutal. Lundi 6 janvier, les deux groupes ont annoncé avoir déposé un recours en justice contre la décision du président américain Joe Biden de s'opposer à leur rapprochement. Une fusion à 14,9 milliards de dollars qui se heurte au mur du protectionnisme américain.
Un "risque pour la sécurité nationale américaine"
La semaine passée, Joe Biden a mis son veto à l'offre d'achat de Nippon Steel, craignant que cette opération ne nuise à la sécurité nationale des États-Unis. Un comité d'experts en commerce et sécurité aurait déterminé que cette acquisition créerait un risque pour les intérêts stratégiques américains.
Le projet de fusion, annoncé il y a un an, cristallisait de vives oppositions outre-Atlantique. Il a même été un enjeu majeur de la présidentielle 2024 en Pennsylvanie, fief historique d'US Steel. Tant Donald Trump que Joe Biden ont martelé que l'industriel devait rester sous pavillon américain.
Des concessions insuffisantes de Nippon Steel
Pour rassurer Washington, le japonais Nippon Steel avait pourtant proposé de transférer son siège américain à Pittsburgh et promis d'honorer tous les accords avec le puissant syndicat USW. Des gages visiblement insuffisants aux yeux de la Maison Blanche.
Un "processus partial" motivé par la politique
Pour Nippon Steel et US Steel, ce veto résulte d'un "processus partial" et d'une "influence indue" de Joe Biden. Selon eux, le président démocrate cherchait avant tout à "s'attirer les faveurs des dirigeants syndicaux en Pennsylvanie dans le cadre de sa tentative de réélection".
En raison de l'influence indue du président Biden pour faire avancer son programme politique, la commission sur les investissements étrangers aux États-Unis n'a pas mené de bonne foi un processus d'examen réglementaire axé sur la sécurité nationale.
Nippon Steel et US Steel
Les deux groupes dénoncent ainsi une décision motivée par des considérations électoralistes plus que par un examen objectif des enjeux sécuritaires. Ils ont déposé plainte pour que la justice invalide le veto présidentiel, y voyant une violation de la Constitution américaine.
Plainte aussi contre leurs opposants
Nippon Steel et US Steel s'attaquent également en justice à ceux qui ont œuvré contre leur rapprochement : le concurrent Cleveland-Cliffs, son PDG Lourenco Goncalves et le président du syndicat USW David McCall, pour "leurs actions illégales et coordonnées" visant à torpiller la fusion.
Bataille juridique en perspective
Cette affaire promet une âpre bataille devant les tribunaux, à coup d'arguments sur la sécurité nationale, le protectionnisme économique et la liberté d'entreprise. Elle illustre surtout les tensions géopolitiques croissantes entre les États-Unis et ses rivaux, dont le Japon, dans des secteurs industriels jugés stratégiques comme la sidérurgie.
Pour l'heure, la Maison Blanche campe sur ses positions, affirmant sans ambages que "le président Biden n'hésitera jamais à protéger la sécurité de cette nation". Malgré des concessions, la perspective d'un fleuron de l'acier américain passant sous pavillon nippon reste visiblement inconcevable à Washington. Affaire à suivre de près dans les prochains mois !