Ligier Innove en Concentrant sa Production en France
Dans un contexte automobile en pleine mutation, le constructeur français de voitures sans permis Ligier vient d'annoncer une décision stratégique majeure : le regroupement de ses deux sites de production sur une seule et même usine située à Abrest, dans l'Allier. Une manière audacieuse pour cette PME innovante de muscler sa compétitivité face aux mastodontes du secteur qui lorgnent sur son marché.
Ligier mise sur l'efficience en fusionnant ses usines
Spécialiste reconnu des voiturettes pour conducteurs non titulaires du permis, Ligier produit actuellement ses véhicules légers sur deux sites : son usine historique d'Abrest dans l'Allier et un second site basé à Montaigu-Vendée depuis le rachat en 2008 des installations de Bénéteau. Mais dans un marché bousculé par l'arrivée de puissants concurrents comme Citroën, Renault ou Fiat, l'entreprise a décidé de revoir son outil industriel en regroupant toute son activité en Auvergne d'ici septembre 2025.
En concentrant sa production, Ligier ambitionne de réaliser des économies d'échelles substantielles tout en gagnant en flexibilité et en réactivité, des atouts clés pour continuer à tirer son épingle du jeu face aux géants de l'automobile. L'entreprise pourra ainsi optimiser ses processus, mutualiser certains équipements et compétences, et in fine gagner en compétitivité sur des marchés ultra-concurrentiels comme celui du quadricycle électrique où ses modèles Myli affrontent les Citroën Ami et autres Renault Twizy.
145 emplois vendéens impactés, des reclassements en vue
Ce regroupement industriel n'est cependant pas sans conséquence pour les 145 salariés du site vendéen qui voit son avenir s'assombrir. Si une petite équipe support devrait être maintenue sur place, ce sont 125 postes qui seront supprimés, Ligier misant sur des mobilités internes vers Abrest pour limiter la casse sociale. Des négociations vont s'engager avec les partenaires sociaux pour encadrer au mieux ce transfert d'activité.
Notre marché attire des concurrents aux capacités d'investissement bien plus fortes, ce qui change la donne. Il nous faut revoir notre compétitivité.
– Un porte-parole de Ligier
Accélérer sur l'électrique pour ne pas se faire doubler
Au-delà de l'optimisation industrielle, Ligier entend aussi accélérer sa transition vers l'électrique. Un virage amorcé ces dernières années mais qui doit s'intensifier pour ne pas se laisser distancer par une concurrence aux dents longues. Le groupe mise notamment beaucoup sur sa gamme de quadricycles électriques professionnels destinés à la livraison du dernier kilomètre, un segment de marché très dynamique porté par l'explosion du e-commerce.
En parallèle, l'entreprise doit continuer à électrifier son offre historique de voiturettes sans permis, un must pour coller aux évolutions des mobilités urbaines et péri-urbaines où son cœur de cible se trouve. Un défi de taille alors que le marché de l'électrique tarde à atteindre sa pleine maturité, impactant le rythme de production : celui de Montaigu-Vendée est ainsi passé de 45 véhicules/jour en 2023 à seulement 10 actuellement.
Cap sur l'agilité et l'innovation "Made in France"
Avec ce pari industriel audacieux, Ligier montre sa volonté de muscler son jeu face à des concurrents aux reins autrement plus solides. En concentrant ses forces vives en France au cœur de ses territoires historiques, l'entreprise mise sur la proximité et l'agilité, deux atouts clés des ETI innovantes à la française, comme elle l'a prouvé avec ses success stories dans le sans permis ou le véhicule utilitaire électrique ultraléger.
Une stratégie "Made in France" assumée qui pourrait faire mouche dans un contexte de relocalisation industrielle, à condition de tenir ses promesses sociales et d'exécuter son plan sans accroc. Objectif : entretenir cette image d'entreprise innovante et désirable, capable de challenger les géants de l'automobile sur des segments de marché en devenir. Le pari est lancé pour Ligier, qui sera attendu au tournant au moment de dévoiler sa nouvelle entité industrielle fin 2025.
