Les innovations boursières américaines et leur impact en Europe
Alors que le marché de l'emploi américain étonne par sa vigueur, les innovations technologiques des entreprises outre-Atlantique secouent les places boursières européennes. Les récentes statistiques sur la création d'emplois aux États-Unis ont en effet stimulé les rendements obligataires, entraînant un repli des principaux indices de la zone euro. Décryptage d'un phénomène qui illustre l'interdépendance des marchés financiers à l'ère de la mondialisation.
L'emploi américain, moteur des innovations boursières
Les chiffres impressionnants de l'emploi publiés vendredi dernier ont pris de court les analystes. Avec 256 000 créations de postes en décembre, soit bien plus que les prévisions, l'économie américaine confirme son dynamisme. Cette vigueur est en grande partie attribuable aux innovations technologiques des entreprises, notamment dans les secteurs de pointe comme l'intelligence artificielle ou les biotechnologies.
Ces performances suscitent l'optimisme des investisseurs quant aux perspectives de croissance et de profits. En témoigne l'envolée de l'indice Nasdaq, qui regroupe les principales valeurs technologiques. Mais ce regain de confiance a aussi pour effet de doper les rendements obligataires, les opérateurs anticipant un durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed).
Vers une hausse des taux plus tardive mais plus marquée ?
Face à la résilience du marché du travail, la banque centrale américaine pourrait en effet retarder les baisses de taux initialement prévues cette année. Certains spécialistes tablent désormais sur un statu quo jusqu'en juin, voire sur une seule réduction en 2025, alors que deux assouplissements étaient anticipés il y a peu.
Ces nouvelles projections ont immédiatement fait réagir le marché obligataire. Le taux des bons du Trésor américain à 10 ans a bondi à 4,74%, au plus haut depuis plus de trois mois. Son équivalent à 30 ans a même brièvement franchi le seuil symbolique des 5%, du jamais vu depuis octobre 2023.
L'Europe sous pression, le dollar revigoré
Cette poussée des rendements américains s'est répercutée sur les marchés européens. Le Bund allemand à 10 ans, référence pour la zone euro, s'est tendu à 2,57%, au plus haut depuis six mois. Une remontée qui a pesé sur les Bourses du Vieux continent, l'indice EuroStoxx 50 cédant 0,8%.
La hausse des rendements semble vouloir continuer, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les marchés d'actions. Tout espoir d'un début d'année calme a bel et bien disparu à présent.
Neil Birrell, Chief Investment Officer chez Premier Miton
Autre conséquence notable, le dollar a repris des couleurs face aux principales devises. L'euro est ainsi retombé à 1,0251 dollar, au plus bas depuis novembre. Un renforcement du billet vert qui pénalise les multinationales européennes, dont les ventes réalisées hors zone euro se trouvent rognées une fois converties dans la monnaie unique.
Des opportunités sectorielles malgré les turbulences
Si le tableau d'ensemble peut sembler sombre pour les actions européennes, certains secteurs tirent leur épingle du jeu. C'est le cas des valeurs bancaires, qui profitent de la hausse des taux pour améliorer leurs marges d'intérêt. Les compagnies aériennes sont aussi bien orientées à l'image d'Air France-KLM, portée par des perspectives de trafic et de rentabilité encourageantes.
- Les banques européennes surperforment grâce à la remontée des taux
- Le transport aérien profite de fondamentaux solides
- La tech résiste grâce aux espoirs placés dans l'intelligence artificielle
Même le secteur technologique, sensible aux variations de taux, limite la casse. Les investisseurs misent en effet sur le potentiel des innovations de rupture, à l'instar de l'intelligence artificielle générative qui ouvre de nouvelles perspectives de croissance pour les géants comme pour les start-ups innovantes.
Au final, si les soubresauts boursiers déclenchés outre-Atlantique peuvent inquiéter à court terme, ils ne remettent pas en cause les tendances de fond. L'appétit pour l'innovation et la recherche de rendement devraient continuer à soutenir les actifs risqués, en particulier les valeurs technologiques européennes de qualité. À condition bien sûr de garder la tête froide et d'accepter une certaine volatilité dans un contexte de resserrement monétaire.