Une Avancée Majeure pour les Médicaments Essentiels en France
En ce début d'année 2025, le secteur pharmaceutique français connaît un tournant majeur. Le gouvernement vient en effet de réaffirmer avec force son soutien à la production des médicaments dits "essentiels" sur le territoire national. Une avancée clé pour renforcer la souveraineté sanitaire de la France, mise à mal ces dernières années.
Mais qu'entend-on exactement par médicaments essentiels ? Il s'agit de molécules anciennes, souvent peu coûteuses mais vitales, dont la production a été largement délocalisée hors d'Europe. Antibiotiques, corticoïdes, antalgiques... Autant de traitements indispensables qui ont cruellement fait défaut lors de la crise du Covid-19, révélant la dépendance inquiétante de la France pour son approvisionnement.
Un plan ambitieux de relocalisation
Pour remédier à cette situation, le gouvernement a lancé dès 2023 un vaste plan de relocalisation de la production de médicaments essentiels. Au cœur du dispositif : l'appel à projets « Industrialisation et Capacités Santé 2030 », piloté par Bpifrance. Objectif : soutenir financièrement les industriels prêts à investir dans des unités de production en France.
Après une première vague de 7 entreprises sélectionnées en 2023, 7 nouveaux projets viennent d'être retenus en ce début d'année 2025. Au total, ce sont donc 14 industriels qui bénéficieront d'une aide publique de 50 millions d'euros, pour un investissement global de 300 millions. Un coup de pouce décisif pour des acteurs comme Sanofi, Seqens ou Axyntis, qui prévoient de doper leurs capacités de production de principes actifs sur plusieurs sites français.
Cap sur l'innovation
Mais le gouvernement ne se contente pas de soutenir des médicaments matures. L'innovation reste au cœur de sa stratégie, avec des investissements ciblés dans la bioproduction, le numérique ou les nouveaux traitements. Car pour les autorités, il est essentiel de préparer l'avenir en parallèle du traitement de l'urgence.
En 2023, nous avons soutenu l'innovation via les appels à projets « Bioproduction » et « Santé Numérique ». Nous poursuivrons dans cette voie en 2025, avec de nouveaux moyens pour la recherche de rupture.
François Braun, Ministre de la Santé et de la Prévention
Les premiers succès
Cette stratégie porte déjà ses fruits, avec des projets très concrets. C'est le cas de la startup toulousaine Ipsophene, qui a développé un nouveau procédé de production du paracétamol, plus écologique et moins dépendant de la Chine. Grâce aux aides publiques, elle prévoit de construire une unité de production aux normes pharmaceutiques dès 2025.
Autre exemple : Seqens, qui va augmenter ses capacités de production d'aspirine sur son site normand, avec à la clé une trentaine d'emplois créés. Des success stories qui montrent que la réindustrialisation dans la santé est à portée de main.
L'Europe en embuscade
Reste maintenant à amplifier le mouvement, en impliquant davantage les partenaires européens. Un défi majeur, alors que les pays membres peinent encore à s'accorder sur une définition commune des médicaments essentiels. La nouvelle Alliance pour les Médicaments Critiques, lancée en 2024, aura la lourde tâche d'y remédier.
Pour Vincent Touraille, président du Sicos, le syndicat de la chimie fine:
2024 fera date pour notre industrie, en devenant l'année de la prise de conscience de son importance vitale. Un tournant décisif pour notre souveraineté et notre économie.
Vincent Touraille, président du Sicos
À n'en pas douter, la France a pris une longueur d'avance dans cette course à la relocalisation. Mais la partie est loin d'être gagnée. Il faudra de la constance politique et des moyens pérennes pour faire de cette ambition une réalité durable. Les prochains mois seront donc cruciaux pour concrétiser ce tournant stratégique majeur. L'avenir de notre souveraineté sanitaire en dépend.
